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Portrait de Maryse CONDÉ

Rédigé par

11.06.2015

Maryse Boucolon est née en 1937 à Pointe-à-Pitre dans une famille de 8 enfants de la petite bourgeoisie guadeloupéenne. En 1953, à l’âge de 16 ans, elle quitte la Guadeloupe pour poursuivre des études à Paris au prestigieux lycée Fénelon, puis à la Sorbonne où elle étudie l’anglais et obtient une licence ès lettres modernes. Mais son parcours brillant qui s’annonçait tout tracé, est écourté par une grossesse après une histoire passionnelle, avec un journaliste haïtien qui l’abandonnera à l’annonce de celle-ci…
La découverte de l’Afrique
En 1959 elle rencontre et épouse Mamadou Condé, comédien guinéen qui tient le rôle d’Archibald dans la pièce de Genêt, Les Nègres, événement théâtral de Paris à l’époque. A nouveau enceinte elle part avec lui pour l’Afrique, où elle enseignera pendant 12 ans en Guinée, au Ghana, au Nigeria et au Sénégal.
En 1972, elle divorce et continue de séjourner en Afrique. Mais l’expérience est décevante, rejetée par les Africains qui ne la considère pas vraiment comme l’une des leurs, ne parlant aucune langue du pays et faisant partie d’aucune ethnie… Se seront des années de combat en tant que mère célibataire, de chaos et de mélancolie mais qui forgeront la future grande écrivaine… Cette grande lectrice de Frantz Fanon – qui disait que nous ne sommes Noirs que lorsque nous sommes confrontés au monde blanc qui nous enferme dans le même sac –  à la recherche de son identité sur le continent africain d’après l’indépendance, prend conscience que le concept de Négritude cher à Aimé Césaire n’est qu’un rêve ! (En 2012 elle publiera une autobiographie : La vie sans fards où elle évoque avec franchise, intelligence et force ses années douloureuses passées en Afrique subsaharienne).

Couverture de La vie sans fards, récit de Maryse Condé

© DR


Les débuts littéraires
De retour en France en 1973, elle épouse Richard Philcox, qui sera le traducteur en anglais de la plupart de ses futurs romans. Elle enseigne dans plusieurs universités parisiennes et mène une thèse de doctorat sur les stéréotypes des Noirs dans la culture antillaise. La couleur de peau est devenue un sujet important pour la future auteure. Elle entame sa carrière de romancière à la quarantaine… En 1976 elle commence à écrire des ouvrages, inspirés de ses expériences en Afrique tels que Heremakhonon (1976) et une saison à Rihata (1987). En 1984 et 1985 elle publie son roman Ségou en 2 volumes, qui la relève au grand public et lui amène le succès commercial. Traduit en douze langues, il clôt le cycle de son œuvre consacrée à l’Afrique.
En 1985, elle est invitée à enseigner aux Etats-Unis à l’université de Columbia.  Elle part s’y établir et fonde le Centre des études françaises et francophones. Mais elle y découvre le communautariste et est rejetée par les Afro-américains, n’ayant pas la même histoire, la même culture qu’eux…
Le retour aux sources
En 1986 elle rentre en Guadeloupe, qui lui inspire d’autres romans comme La Vie Scélérate et Traversée de la mangrove…. Viendront ensuite Moi Tituba, sorcière… qui sera récompensé. Après de nombreuses années elle partage son temps entre son île natale et New York.
Dès 1987 Maryse Condé est récompensée pour ses œuvres et reçoit durant sa carrière et jusqu’en 2014 de nombreux prix, honneurs et distinctions, même de l’Académie française pour nombre de ses œuvres dont les principales sont Ségou (1985), Moi Tituba, sorcière (1986), Desirada (1997), Célanire cou-coupé (2000). L’université de Columbia fera d’elle un professeur émérite.
Affaiblie par toutes ces années et par la maladie de Parkinson, Maryse Condé annonce en 2015 qu’elle prend sa retraite. Elle sort pourtant un dernier ouvrage, Mets et merveilles, dans lequel elle dévoile sa passion pour la cuisine qui, pour elle, est quasi similaire au travail d’écriture ! En effet la créativité qui anime l’écrivain est la même que celle d’une cuisinière. L’un se sert de mots, l’autre utilise des ingrédients, des saveurs et des épices pour créer de la beauté, de l’agréable, retenir les gens, leur donner du plaisir, mettre l’eau à la bouche.

L’écriture a été pour cette écorchée vive, un exutoire à ses expériences vécues en tant que femme, qu’Antillaise, que mère, en France, en Afrique et aux Etats-Unis à des époques marquées par de grands changements historiques.

La signification et l’importance de la différence entre les Noirs et le reste du monde, le cheminement identitaire sont des sujets centraux que ses romans explorent à travers différents lieux et époques, en même temps que les questions de sexes, de races et de cultures, qui seront toujours d’actualité.

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