Deuxième partie de notre dossier sur le Bumidom, après avoir exposé les raisons de cet exode, nous vous présentons son déroulement ainsi que ses conséquences.
L’exode ultramarin
La politique d’émigration est organisée par un organisme central : le bumidom (Bureau pour le développement des migrations des départements d’outre-mer).
Créé en 1963 par le député Michel Debré il a pour objectif d’équiper et moderniser les DOM en améliorant le niveau de vie (hygiène, santé, éducation, etc…) et d’organiser la migration des Antillais en échange d’un emploi dans la fonction publique.
Les « devoirs » du Bumidom
Il fiche tous les candidats, fournit le nécessaire pour voyager vers la France, donne de l’argent pour l’achat de vêtements, fournit le logement à l’hôtel, dans des foyers, les parcs hlm, aide au regroupement familial…
Le Bumidom s’occupe aussi des problèmes d’insertion et d’adaptation, encourage les associations de regroupements culturels, qui facilitent les contacts entre personnes du même département. Ce système a fonctionné jusqu’en 1981.
L’effet bumidom et la déception
Le Bumidom a occasionné la venue en France hexagonale, principalement en région parisienne, de plus de 70 000 ultra-marins souvent issus des classes très modestes, les adultes cherchant du travail, les plus jeunes dans l’espoir de faire des études.
Il ne faut pas oublier les personnes, plus nombreuses encore, que par sa propagande le Bumidom, a indirectement encouragées à partir par leurs propres moyens. Avec les procédures de regroupement familial, le début des années 1970 marque une migration de peuplement.
L’administration promettait des postes de fonctionnaires pour une vie meilleure, mais l’arrivée en France est pour beaucoup une grande déception est vécue comme injuste. Les conditions d’accueil ne sont pas celles qui avaient été présentées lors du départ. On donne aux nouveaux arrivants des emplois médiocres, des tâches subalternes, quel que soit leur niveau d’instruction.
Les « métiers » du Bumidom
Les jeunes femmes sont formées aux arts ménagers, aux bonnes manières françaises pour être embauchées par des familles bourgeoises comme employées de maison. D’autres sont filles de salles dans les centres hospitaliers. Les hommes se retrouvent aux postes les moins qualifiés de la fonction publique et du bâtiment. D’autres ont fini dans la délinquance : histoires de drogue et de prostitution.
En mai 1968, l’extrême gauche dénonce cette politique du gouvernement, qu’Aimé Césaire a dénoncé comme une forme de « déportation », qu’elle juge colonialiste et les bureaux du Bumidom sont saccagés. Pourtant elle a continué 20 ans durant jusqu’au début des années 80. Près de 170 000 Antillais ont ainsi quitté leur île à travers les réseaux du Bumidom, pas sans effets psychologiques…
La troisième île
Aujourd’hui les personnes issues de cette migration ou en étant originaires par leurs parents, forment une « troisième île » sur le sol de la France hexagonale.
En 1982, sous François Mitterrand, le Bumidom est supprimé pour céder la place à l’Agence nationale pour l’insertion et la protection des travailleurs d’outre-mer (ANT), renommé Agence de l’outre-mer pour la mobilité (LADOM) depuis 1992.
Plus d’infos avec le documentaire : « L’avenir est ailleurs »
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