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La charge mentale, pire pour la femme noire ?

Rédigé par

3.10.2020

Penser aux courses, au ménage, aux enfants, au linge toujours pas sorti, alors qu’on est au bureau, ça nous est toute arrivé. Faire des listes dans sa tête en continu, planifier la vie de la famille, courir encore et toujours…
La charge mentale, les femmes la supportent au quotidien. La presse ne parle plus que de ça. Mais chez les femmes noires, on peut se demander si la charge mentale n’a pas une autre dimension et n’inclut pas des données supplémentaires.
Analyse.

Qu’est-ce que la charge mentale ?

On peut dire que la charge mentale correspond à toutes les tâches, missions et actions concernant le foyer qu’une femme, en couple, transporte dans sa tête, sans même être à la maison.
Nicole Brais de l’Université Laval de Québec, présente la charge mentale comme « ce travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectifs la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence. »

cerveau charge mentale

cerveau


Alors que les femmes travaillent, elle se tapent joyeusement une « double journée » une fois arrivée à la maison, avec les tâches ménagères qui les attendent, les repas qu’il faut préparer, les devoirs, le bien-être des enfants à assurer et la boutique à faire tourner.
Mais le piège de la charge mentale, ce n’est pas seulement le fait de devoir réaliser ces tâches diverses et variées, mais c’est d’y penser H24 et donc d’encombrer son esprit. Ce poids, ces calculs permanents et ce manque de liberté pèsent et peuvent même rendre fou. Les répercussions sont aussi bien mentales que physiques chez les femmes concernées. A la clé dépression, burn-out familial, épuisement, disputes, etc.
Si toutes les femmes peuvent se reconnaître dans la description de la charge mentale, il est utile de se demander si les femmes noires ne payent pas encore plus cher le fait de devoir être une super woman.

La charge mentale, pire pour les femmes noires ?

Sommes nous toute à égalité face à la charge mentale ? Il semblerait que d’autres paramètres s’ajoutent dans le poids de la charge mentale qui pèse sur les femmes noires en couple qui travaillent et qui ont en plus des enfants.
Déjà, la femme noire doit intégrer le facteur racisme, dans son quotidien. La manière dont elle est perçue, dont elle se présente et les clichés qui vont avec (femme noire en colère, femme forte qui peut tout supporter ou objet sexuel, au choix). Avant d’agir ou parler, elle doit déjà se justifier, et ça, c’est pesant.
Certaines femmes, notamment en métropole, peuvent ajouter à leur charge mentale la question de savoir si les lieux qu’elles ou leurs enfants fréquentent sont assez représentatifs. Est-ce que des personnes qui me ressemblent fréquentent cette épicerie, ce parc, cet établissement, cette école ? Comment vais-je être traitée, accueillie ici ou là ?
Les soins et l’apparence physique occupent aussi une grande place dans la charge mentale des femmes noires. Dans un monde occidental, la peur de porter ses cheveux naturels ou de ne pas avoir l’air assez soignée sont une source d’angoisse. Les femmes noires font souvent plus d’efforts pour éviter d’être montrées du doigt. Plus de rendez-vous chez le coiffeur, à l’onglerie, plus de soins à la maison, plus de pression, tout cela mine aussi.
Les femmes qui ont des enfants ont aussi le poids du regard des autres sur leur progéniture. Ne pas vouloir passer pour une mauvaise mère qui ne gère pas ses enfants, c’est épuisant à la longue. Car on le sait, les femmes noires sont jugées plus sévèrement par la société en ce qui concerne leur capacité à éduquer et soigner leurs enfants. Quand on ne les accuse pas de faire des enfants pour les aides sociales, on les traite de paresseuses qui ne font que pondre sans se préoccuper de l’éducation de leurs rejetons. Ainsi, les femmes noires partent souvent du principe qu’elles doivent avoir des enfants irréprochables, et se mettent ce poids en plus sur les épaules.

Enfin, toujours côté enfant, il y a cette angoisse de devoir un jour devoir consoler son enfant victime de racisme. Pour que les choses se passent au mieux, il faut toujours anticiper et lui expliquer les choses et le comportement des autres. Lui apprendre au quotidien à aimer son apparence, sa couleur de peau, la texture de ces cheveux, etc. afin qu’il soit préparé le jour où il subira un acte ou une parole raciste.
Pour les femmes noires en couple, sans enfant, on peut se demander aussi si la charge mentale n’est pas supérieure à cause d’un plus grand manque d’investissement du conjoint dans les tâches ménagères et la vie du foyer, par rapport à un couple non noir. Sans vouloir faire de généralités, on peut se demander si pour des raisons culturelles et/ou personnelles, nos hommes sont nettement moins investis et délèguent plus les tâches de la vie quotidienne à leur moitié.
Même si les temps changent, il y a encore du boulot à faire et bien souvent, la femme est considérée comme la commandante en chef à la maison en ce qui concerne le ménage, l’organisation et la gestion du foyer. L’homme bien souvent spectateur, attend qu’on lui indique la marche à suivre.
Et même quand il est plein de bonne volonté, il n’est pas rare que Monsieur se fende d’un « ben fallait me le dire j’aurais aidé » quand il voit sa douce moitié en train de couler…

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