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Les Guadeloupéens par Caroline Bourgine – interview partie 1 "Je me suis rendu compte qu’il y avait un grand vide sur une approche contemporaine de ces pays caribéens"

Rédigé par

16.11.2016

Cet ouvrage s’inscrit dans une collection particulière : Lignes de vie d’un peuple. Pourquoi avoir fait le choix d’y contribuer?  
Caroline Bourgine : Je me suis rendu compte qu’il y avait un grand vide sur une approche contemporaine de ces pays caribéens. Je pense que c’est toujours important de parler de l’esclavage, mais il s’est passé beaucoup de choses depuis, dont les Guadeloupéens mêmes, mais aussi ceux qui ne le sont pas, ne savent pas grand-chose. Faites un micro-trottoir sur le Bumidom.. Voilà ! Il y a énormément de zones d’ombres et il faut savoir mettre un éclairage dessus de temps en tant et d’une manière plus pédagogique. Tous ces éléments-là m’ont incité à parler dans ce livre, à travers les destins de gens qui ont traversé ces périodes, pour donner l’opportunité de resituer le contexte historique, le pourquoi et le comment d’aujourd’hui.
Je l’ai fait pour les gens qui ont du mal à se situer dans ce qu’ils sont, aient des repères. Je pense aussi aux gens qui vont en Guadeloupe qui en lisant le livre en auront peut-être une autre approche… Je pense que ça donne des clés !
En 4e de couverture est écrit que « cette collection raconte les peuples d’aujourd’hui trop souvent invisibles »Pensez-vous que la Guadeloupe et les Guadeloupéens sont aujourd’hui invisibles ? 
Caroline Bourgine : Sur la question de l’invisibilité je serai beaucoup plus modérée. La collection est aussi présentée comme permettant de mettre en scène leurs valeurs, interrogations, créations, leurs passions ; pour moi c’est plus de ça dont il s’agit. Mais on peut aussi se poser cette question : est-ce qu’être Guadeloupéen c’est appartenir à l’arc antillais ? À l’ensemble caraïbe lié à une histoire insulaire qui est à des milliers de kilomètres de la France.
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La main, paume levée imprimée de la carte du pays désigné est le leitmotiv des couvertures de cette collection. Pourquoi le choix de la main de Chantal (danseuse et professeur de Gwo Ka) pour la vôtre?
Caroline Bourgine : Quand il a fallu faire le choix d’une main, j’ai choisi une femme, déjà. Puis la photographe ne pouvant pas aller en Guadeloupe, je me suis demandé quels étaient les gens qui pour moi avait un pied dans l’hexagone et là-bas. Chantal me paraissait être le bon compromis  et j’aime bien sa petite main avec sa bague, je trouve qu’elle raconte quelque chose !
Qu’est-ce qui vous lie à la Guadeloupe ?
Caroline Bourgine : J’ai commencé mon métier de journaliste en Guadeloupe en 1982, en tant que secrétaire de rédaction, responsable du service culture du magazine Télé 7 jours qui s’appelle maintenant La semaine. Je suis arrivée dans une période assez agitée. Je suis rentrée dans le bain direct et ça m’a permis de rencontrer aussi bien des politiques que des paysans, des musiciens, avocats, tout ce qui fait une société. Je ne connaissais absolument pas, je suis arrivée sans a priori et j’ai été positivement marqué par cette expérience ! c’est là que j’ai tout appris pour aller après ailleurs dans le monde, mais tout en gardant un lien avec la Guadeloupe. J’ai par exemple réalisé 2 cds sur le Gwo Ka et les soirées Lewoz et en 2013 un film documentaire sur le Gwo Ka en Guadeloupe… C’est un pays qui m’a beaucoup appris.
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Combien de temps vous a pris vos recherches de sources fiables et légitimes ?
Caroline Bourgine : Ça a été un long cheminement de demandes à des gens que je connais depuis que j’ai travaillé en Guadeloupe, je pense à Ernest Moutoussamy, Joël Nankin, Akiyo, Simone Schwartz-Bart. Pour une grosse moitié des intervenants se sont des gens que j’ai suivis, même de loin. J’ai aussi contacté des gens dont j’ai entendu parler et que je ne connaissais absolument pas qui se sont révélés totalement indispensables. je pense au professeur Henri Joseph, Marie — Helena Louxxxx, L’avocate Evelyne Martin-Brière…
Vous êtes passé par toutes les communautés de la Guadeloupe (Kongos, Blan peyi, Indiens, Syriens, Amérindiens, Marie-Galantais). Comment a été accueillie votre démarche par ces dernières? 
Caroline Bourgine : Certains m’ont ouvert non seulement leur maison, mais aussi leur histoire, leur destin professionnel ou autre, mais aussi leur histoire personnelle. Et c’est parce qu’il y avait la confiance, la parole et un état d’esprit aussi. Pour la plupart je n’ai pas eu de réticence.
 

Page sur Facebook : Les Guadeloupéens

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Découvrez la deuxième partie de notre interview bientôt sur Blake’s.

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