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Solomon Northup, l'homme dont l'histoire a inspiré 12 years a slave

Rédigé par

4.07.2015

Solomon Northup, mulâtre afro-américain est né libre en juillet 1808, fils d’un esclave affranchi Mintus Northup, et de sa mère quarteronne, de condition libre, dans le comté d’Essex dans l’État de New York. Agriculteur, il possédait une propriété dans l’État de New York et était à l’occasion violoniste pour compléter ses revenus. En 1829, Solomon Northup épouse Anne Hampton avec qui il aura 3 enfants.
 C’est en 1841 âgé de 32 ans, que Solomon est enlevé par des marchands d’esclaves. Il rencontre 2 hommes, qui lui disent être artistes pour un cirque et lui font une irrésistible offre d’emploi en tant que violoniste à New York. Solomon séduit, part sans avertir sa femme. A New York, les hommes le persuadent de les suivre à Washington DC (où l’esclavage est légal) en échange d’un salaire généreux et du paiement de son voyage de retour.

Solomon Northup, l'homme derrière 12 years a slave

Solomon Northup, l’homme derrière 12 years a slave


Mais ses prétendus employeurs le droguent et le vendent à un marchand d’esclaves pour 650 dollars, affirmant qu’il s’appelle Platt et est un fugitif de la Géorgie. Il est expédié avec d’autres esclaves par la mer jusqu’à la Nouvelle Orléans, pour y être vendu.
Il faut savoir qu’à l’époque, 20 ans avant la guerre de Sécession, les chasseurs d’esclaves enlevaient parfois aussi des Noirs libres utilisant nombre de stratagèmes : de l’enlèvement par la force à la tromperie. Les enfants étaient souvent kidnappés. Dans le Sud profond, la culture massive du coton justifiait une demande permanente d’esclaves en bonne santé. Solomon Northup fut l’un des rares Noirs libres à retrouver la liberté dans de telles circonstances.
Solomon est vendu à William Ford, un petit planteur dans le nord de la Louisiane, prédicateur baptiste qualifié dans son livre comme un homme bon, attentionné de ses esclaves. Mais cela ne l’empêche pas de faire nombreuses tentatives pour s’échapper ou faire passer des messages. Il ne pouvait pas écrire lui-même, car les esclaves n’avaient pas le droit de lire et d’écrire sous peine de violentes sanctions.
À cause de difficultés financières, Ford dût vendre Solomon à un charpentier, John M. Tibeast, maitre cruel et capricieux. Un jour, il décida de fouetter Solomon sans raison valable, mais il riposta. Il fut sauvé du lynchage par un surveillant. Lorsque les 2 hommes furent à nouveau seuls, Tibeast essaya de frapper Solomon, mais il se défendit, l’étrangla jusqu’à ce qu’il perde conscience, s’enfuit, et retourna chez Ford. Afin d’arrêter le conflit, ce dernier convainquit Tibeast de louer Solomon, mais il le vendit à Edwin Epps, un homme ignoble qui posséda Solomon pendant près de dix ans, jusqu’en 1853. Epps punissait souvent ses esclaves et les traitait durement. Il s’acharnait à violer et violenter une jeune esclave nommée Patsey.
En 1852, Solomon décide de confier son secret à Samuel Bass, un menuisier canadien itinérant opposé à l’esclavage, venu travailler pour Epps. Bien que conscient des grands risques personnels qu’il prenait, Bass envoya une lettre de Solomon et en écrivit plusieurs à ces amis avec les détails de son emplacement. Solomon qui n’était connu dans la région que sous son nom d’esclave fut difficile à retrouver. 4 mois après la rencontre avec Bass, Solomon était à nouveau libre et retourna à sa famille à New York. Epps dû renoncer à contrecœur à tout droit sur lui. La législature de New York avait adopté en 1840 une loi pour protéger ses résidents afro-américains, fournissant une assistance juridique et financière, pour faciliter la récupération de ceux qui seraient enlevés et menés hors de l’État.
La légende Solomon Northup

La légende Solomon Northup


Solomon Northup poursuivit les trafiquants d’esclaves à Washington DC, mais perdit, la loi locale interdisant aux Noirs de témoigner contre les Blancs. L’année de sa libération, il publie le récit de ses expériences Twelve Years a Slave : Narrative of Solomon Northup, a Citizen of New-York, Kidnapped in Washington City in 1841, and Rescued in 1853, qui permit même d’identifier, localiser et arrêter ses ravisseurs. L’affaire reçut l’attention de toute la nation, car elle mit en lumière l’ampleur de ces pratiques et son récit fut validé par le tribunal. Les années précédant la guerre de Sécession, très actif dans le mouvement abolitionniste, Solomon donne énormément de conférences sur l’esclavage à travers le Nord-Est des États-Unis et soutien les réseaux clandestins d’aide aux esclaves fugitifs.
L’affaire fut rouverte le 4 octobre 1854, mais l’affaire fut abandonnée en 1857, l’année de sa disparition restant inexpliquée. Plusieurs rumeurs ont circulé comme celle qu’il aurait été à nouveau enlevé et serait redevenu esclave ou qu’il aurait aussi été éliminé par ses ravisseurs ou des antiabolitionnistes.
Les mémoires de Solomon Northup furent réimprimées en 1869, mais au fil du temps l’ouvrage tomba dans l’oubli. C’est vers la fin du xxe siècle, grâce au développement des études sur l’histoire Afro-Américaine qu’il redevient un témoignage clé et objet d’étude remis en lumière. Il se distingue des autres témoignages, par le fait que Northup n’ayant pas toujours été esclave décrivit et donna des détails jamais révélés. C’est l’un des rares textes qui racontent la vie dans les plantations du Sud profond, d’où très peu d’esclaves parvenaient à s’échapper. Il aborde aussi la vie des femmes esclaves, qui après avoir travaillé toute la journée, devenaient en plus les esclaves sexuelles de leur maître. 200 ans après, son récit remplit toujours son objectif de devoir de Mémoire, étudié dans les écoles et universités américaines et réédité en anglais comme en français en 2013-2014.
+ Information : http://www.12yearsaslave.com/

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