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Rosa Parks, la femme qui s'est tenue debout en restant assise…

Rédigé par

7.11.2015

Rosa Louise McCauley, aînée d’une famille de 2 enfants est née le 4 février 1913, en Alabama dans le sud des États-Unis, ségrégationniste. Après le divorce de ses parents charpentier et institutrice, elle grandit dans la ferme de ses grands-parents maternels méthodistes avec sa mère et son frère. Elle porte le prénom Rosa comme sa grand-mère Rose qui était la fille d’un irlandais et d’une esclave noire. Sa mère souhaitant la meilleure éducation pour sa fille lui donne des cours à domicile jusqu’à ses 11 ans puis l’envoie chez sa tante à Montgomery. Elle y découvre le racisme dont elle est victime ainsi que les intimidations du Ku Klux Klan qui a brûlé 2 fois l’école qu’elle fréquente. Elle y suit sa scolarité, mais sa mère tombant malade elle doit arrêter.
De 1930 à 1955, elle travaille comme couturière. En 1932, elle épouse Raymond Parks, un militant membre de l’Association de l’Alabama pour la promotion des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP) qui l’encourage à finir ses études qu’elle achève 2 ans plus tard. En 1943, elle devient elle aussi membre du mouvement et y travaille en tant que secrétaire jusqu’en 1957. En 1945 en travaillant une courte période à la base aérienne de Maxwell, une zone fédérale où la ségrégation n’était pas en vigueur, et en tant que femme de ménage chez la famille Durr qui l’encourage à suivre une formation sur les droits des travailleurs et l’égalité raciale, elle prend conscience de la situation.

L’Amérique ségrégationniste

Dans les bus des états ségrégationnistes, les premiers rangs des trains et bus sont réservés aux Blancs. Les Noirs (3/4 des usagers) doivent s’asseoir à l’arrière, mais peuvent tout de même utiliser la zone centrale, jusqu’à ce que des Blancs en aient besoin devant alors céder leur place et aller vers le fond ou quitter le bus. Rosa Parks devient célèbre le 1er décembre, à Montgomery, quand elle refuse d’obéir au conducteur de bus qui lui demande de laisser sa place à un blanc et de s’asseoir au fond du bus, action qu’elle assume totalement. Elle est arrêtée, doit payer une amende de 15 dollars et est jugée et inculpée de désordre public ainsi que de violation des lois locales.

Entrée dans l’Histoire

Rosa fait appel de ce jugement et son avocat blanc accepte de contester la loi sur la ségrégation dont elle est victime. La nuit suivante, 50 dirigeants de la communauté afro-américaine, menés par Martin Luther King Jr., encore jeune pasteur de 26 ans, se réunissent pour discuter des actions à mener et fondent le Montgomery Improvement Association, par laquelle popularisera les théories de la non-violence et de la désobéissance civile. Rosa Parks est une des femmes les plus distinguées de la ville, dont l’éducation ne souffre aucune remarque, et donc un parfait symbole pour la cause noire, inattaquable pour la presse ségrégationniste blanche. Ils décident de lancer une campagne de protestation et de boycott contre la compagnie. La veille du procès, 35 000 tracts sont distribués et le mot d’ordre est relayé par le journal Noir local pour inciter les Noirs à ne plus emprunter les bus.

Le boycott dure près d’une année

La plupart se déplacent donc à pied, laissant des dizaines de bus aux dépôts ; des chauffeurs de taxi Noirs font des trajets au tarif de 10 cents comme le bus. Des dons de soutien permettent de mettre en place un service d’autobus parallèle et l’achat de paires de chaussures. L’action est aussi menée par des Blancs soit par conviction et idéologie soit parce qu’ils ont tous simplement besoin que leurs employés noirs viennent au travail. De nombreuses exactions sont aussi menées contre les Noirs, le pasteur King, qui prônant la non-violence, demande de ne pas réagir. Finalement, le 13 novembre 1956, la  Cour suprême des États-Unis casse les lois ségrégationnistes dans les bus, les déclarant anticonstitutionnelles. La nouvelle parvenant à Montgomery le 20 novembre, le boycott cesse dès le lendemain. Il aura duré 381 jours.
Rosa Parks devient une icône pour le mouvement des droits civiques et la prise de conscience des Américains de la lutte pour les droits civiques. Montgomery servit de modèle au mouvement de protestation qui agitera le sud la prochaine décennie.
En 1957 elle part vivre dans le Nord en Virginie puis à  Détroit dans le Michigan ou elle rejoint l’équipe du représentant afro-américain démocrate local pour qui elle travaille jusqu’à sa retraite en 1988. Elle résidera dans la ville jusqu’à sa mort le 24 octobre 2005.
Le Rosa and Raymond Parks Institute for Self Development est fondé en février 1987 en l’honneur de son mari décédé en  1977 qui organise des visites en bus pour les jeunes des sites importants du mouvement pour les droits civiques. En 1990, Nelson Mandela, à peine libéré de prison, lui rend visite à Detroit. Ses dernières années sont difficiles. En 1994 elle est victime d’un hold-up commis par un jeune homme de 28 ans qui lui vole 53 dollars. Elle doit être hospitalisée et lui est condamné à 15 ans de prison. Elle a des difficultés pour payer son loyer et se fait aider par son église. À partir de 2004, elle souffre de démence dégénérative.

 »La femme qui s’est tenue debout en restant assise »

À sa mort toute la classe politique lui rend hommage et, le jour de son enterrement, le président fait mettre en berne tous les drapeaux. Elle est la première femme et deuxième personnalité noire  et ne faisant pas partie du gouvernement à avoir sa dépouille exposée au Capitole pour un hommage public, privilège habituellement réservé aux hommes politiques et aux soldats. Plus de 60 000 Américains lui rendent hommage dans son État natal de l’Alabama et à Washington. Son corbillard est suivi d’un bus des années 50 recouvert d’un linceul noir et celui dans lequel elle avait été arrêtée est drapé d’un linceul rouge et noir jusqu’au jour des obsèques. Les premières places des bus de Montgomery sont  recouvertes d’une photographie d’elle, entourée d’un ruban noir, et restent libres jusqu’au jour de son enterrement. Elles portaient l’inscription : « La société de bus RTA rend hommage à la femme qui s’est tenue debout en restant assise. »
 

Rosa Parks dans le bus

Rosa Parks dans le bus

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