Une semaine bien chargée
Pendant longtemps, il était le jour de l’année où les fidèles allaient se confesser et communier. En France, le lundi de Pâques est férié depuis la loi du 8 mars 1886. Il marque la fin du Carême, et le dimanche des Rameaux marque le début de la semaine sainte, qui se rythme de traditions religieuses – comme de s’habiller de couleurs sombres (noir, gris, bleu marine) et de nombreux aller-venus entre chez soi et l’église, jusqu’au lundi de Pâques.
Après la messe du jeudi saint, tout se calme et pour toutes les Antilles-Guyane le vendredi saint est férié : tous les commerces et administrations sont fermés.
Les croyants se préparent tôt le matin pour un Chemin de croix, arpentant à genoux ou à pieds, mornes et chemins en chantant, sur les routes vers les églises. A midi chacun rentre chez soi pour déguster selon la tradition du riz avec des accras de morue, de crevettes, de choux…
Le samedi saint, appelé samedi Gloria, la vie reprend progressivement les familles s’apprêtant à fêter Pâques. Autrefois, au réveil des cloches, les gens se jetaient à l’eau ou arrosaient leur maison pour avoir de la chance le reste de l’année. En Martinique, le soir de ce samedi sont organisés des événements bélè.
Un moment de convivialité
La tradition veut que après la messe du dimanche de Pâques, où cette fois les gens sont vêtus de blanc, les familles se rassemblent pour un long weekend sur les plages ou au bord des rivières avec des tentes, des bâches, de la sono et des groupes électrogènes jusqu’à la fin du lundi pour se baigner, festoyer en dégustant punchs, salades de concombres, accras, chiquetaille de morue, féroces, et du crabe sous toutes ses formes : calalou, farci avec riz-haricots rouges ou dombrés, et surtout cuisiné en matoutou (Martinque) ou matété (Guadeloupe), repas traditionnel Pâques ! Selon le Père Labat le » Matoutou » était un grand plat fait en roseau et en latanier totalement étanche, qui servait aussi de table chez les indiens caraïbes. Seul le nom diffère, la recette est quasiment la même.
Pâques, la fête du Crabe aux Antilles
Morne à L’Eau en Guadeloupe devient la véritable capitale du crabe où l’on trouve des vendeurs de crabes, et des plats préparés à emporter. Des concours autour du crabe sont aussi organisés comme celui de la Pince ou du Crabe d’Or qui rassemble les meilleurs cuisiniers autour d’un jury de professionnels qui élit la meilleure recette et décerne une broche en or, représentant un crabe au gagnant! Celui de la Patte d’Or, est une course de crabes réglementée les animaux de sont pas maltraité.
La préparation avant dégustation !
Cet évènement culinaire se prépare dès le premier jour de Carême. La chasse aux crabes, très réglementée, est ouverte dès le 15 février. Se sont les crabes de terre qui sont recherchés : le touloulou que l’on trouve autours des arbres des plages et le mantou que l’on trouve dans la mangrove.
2 techniques se transmettent depuis des générations :
– A la nuit tombée à proximité des terriers sur les plages, dans les champs de cannes, de bananes ou dans la mangrove, sont déposées des zatrap’ou ratières, pièges faits main avec des appâts à base de piments, noix de coco ou bananes.
– La seconde se fait à la main : les chasseurs partent à la recherche des crabes et attendent qu’ils sortent de leurs terriers ou plongent leur main dedans pour les attraper.
Une fois capturés, avant de les cuisiner, les crabes sont nourris pendant plusieurs jours de feuilles d’arbres à pain, de pommes de terre, carottes, tomates, piments ou de fruits afin d’évacuer les déchets qu’ils ont ingéré avant et d’être propres à la consommation. Le moment venu, ils sont brossés avant d’être cuisinés ! Après moins de 2 heures de préparation à base de riz, tomate, piment, citron, épices, colombo, bois d’inde, d’un peu d’eau et bien sur de crabe, place à la délectation et à une explosion des papilles !
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