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Mami Wata, la sirène africaine (Partie 2)

Rédigé par

10.04.2017

Evolution du mythe dans la diaspora de la traite grière

A l’origine, Mami Wata était considérée comme la déesse de l’eau douce mais durant les longues traversées de l’autre côté de l’Atlantique durant près de 4 siècles, elle s’est imposée dans les croyances des esclaves africains, comme déesse de la Mer qui symbolise aussi bien la mer(e) nourricière que l’océan destructeur. Elle est donc restée très présente dans certains cultes de la diaspora noire ,jouant un rôle de consolatrice et de refuge spirituel apportant chance et espoir aux esclaves: au Brésil dans le rite Candomblé où elle porte le nom de Yemanja, à Cuba dans la Santeria où elle s’appelle Yemoya, au Suriname et en Guyane sous le nom de Watramama, sur l’île de Grenade où elle s’appelle Mamadjo, dans le vaudou haïtien elle est la Sirène Erzulie et dans le kimbwa martiniquais elle est Manman Dlo (Maman de l’eau).

Représentation de Yemanja

Représentation de Yemanja


Sculpture sous-marine de Manman Dlo, Baie de Saint-Pierre - Martinique

Sculpture sous-marine de Manman Dlo, Baie de Saint-Pierre – Martinique

Symptôme d’un traumatisme

Les Africains et les déportés se sont appropriés au fil du temps des éléments extérieurs qu’ils ont réinventés pour mieux les intégrer leur croyances déjà existantes. Mami Wata  est devenue une divinité africaine, projection des désirs sexuels, des difficultés économiques et des espoirs d’ascension sociale. Elle symbolise l’influence négative du monde extérieur sur les valeurs africaines venant du monde des mers et des océans par lesquels sont venus les navires européens durant 400 ans, qui ont emporté des millions d’êtres humains vers les Amériques et ont imposé leurs pouvoirs politique, économique et culturel.
De l’autre côté de l’Atlantique, sa représentation traditionnelle rappelle l’homme blanc des périodes coloniales par ses caractéristiques physiques, son tempérament autoritaire, supérieur, égoïste, ses pouvoirs liés à l’argent, à la sexualité, aux signes extérieurs de richesse.

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Selon certains chercheurs sa représentation moderne est apparue pour la première fois en Afrique au XVIème siècle, quand les Européens ont abordé les côtes du continent où les divinités et esprits aquatiques ou lacustres étaient déjà très nombreux en Afrique de l’ouest et centrale, comme les « ndi mmili » dans la culture Ibo du Nigeria ou les « mbumba » dans la culture Kongo. La sirène aurait été introduite par les récits des marins européens et par les figures de proue de leurs navires qui représentaient très souvent cette créature fabuleuse.

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Au milieu du XXIe siècle, une autre image « la charmeuse de serpents », inspirée des déesses hindoues, circula abondamment et fut perçue comme mystique par son étrangeté, la reprise du thème du serpent important dans les croyances locales, par la beauté et la puissance émanant de la figure féminine aux traits ressemblant à ceux d’une Africaine.

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Le mythe a évolué avec son temps et on le retrouve aujourd’hui dans les villes grandes africaines modernes où elle errerait dans les rues, sur les marchés et surtout dans les bars et les lieux de débauche à la nuit tombée.

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