Le spéculum, dont l’étymologie latine signifie « miroir », « ce qui sert à voir », a été inventé au 19è siècle par James Marion Sims (1813-1883), pionnier de la chirurgie souvent présenté comme le père de la gynécologie américaine même s’il était un personnage controversé par les historiens modernes.
Décrit comme violent, raciste et misogyne, il est connu pour avoir mené ses premières expériences gynécologiques sur de nombreuses esclaves qui, pour la plupart, avaient été achetées et restaient sa propriété et captives dans son hôpital privé à Montgomery en Alabama.
L’inventeur
L’idée lui est venue alors qu’il traitait une patiente qui était tombée de cheval. Après avoir « repositionné son utérus », selon son autobiographie, il chercha un moyen d’inspecter l’intérieur de l’intimité féminine mais sans être en contact avec le vagin.
En effet, son intention première n’était pas de mieux soigner ses patientes, mais d’éviter de les toucher au maximum, ce qu’il admet dans son autobiographie. Et vu qu’à l’époque les Noirs étaient considérés comme des meubles et avaient la réputation de supporter la douleur, il alla chercher une esclave, la fit s’installer sur le dos, les jambes levées, avant d’insérer dans son vagin le manche d’une cuillère.
Des expérimentations inhumaines
Ce test fut le premier d’une longue série d’opérations expérimentales sur plusieurs esclaves considérées comme de vulgaires cobayes, examinées et opérées sans anesthésie ou antiseptiques pour éviter les infections, jusqu’à des dizaines de fois pour certaines, ou par groupe, dans le but de soigner les femmes (blanches!) des fistules vésico-vaginales pour lesquelles aucun traitement n’existaient et qui font qu’à cette époque elles étaient rejetées socialement.
Au fil de ses opérations, Sims créa plus de 71 instruments chirurgicaux et invita ses confrères à assister à ses interventions, faisant fi de l’intimité des esclaves.
A l’époque, sa méthode suscitait tout de même quelques réserves de la part de membres du corps médical qui affirmaient que s’introduire ainsi dans le corps d’une femme afin de la corrompre en faisaient une prostituée ou une maniaque sexuelle. Mais rien sur la violence et le sexisme des moyens part lesquels Sims était parvenu à mettre au point son oeuvre…
Le cas Anarcha
Parmi les esclaves cobayes, l’histoire a retenue Anarcha, une jeune de fille 17 ans qui, après un accouchement très douloureux et difficile sur 3 jours, souffrait de déchirures et fistules entraînant son incontinence.
Les premières interventions étaient des échecs, ne causant que plus de douleurs. Après plus de 30 lourdes opérations, de 1845 à 1849, sur la pauvre Arnarcha, la technique a enfin été au point. Sims pu guérir la fistule vésico-vaginale.
Ce n’est qu’après en 1853 qu’il commença à pratiquer sa méthode sur des femmes blanches, cette fois en les anesthésiant.
Grâce à ses tortures sur le corps des femmes noires, Sims est devenu un chirurgien très réputé et a été nommé Président de l’American Medical Association, membre de la New-York Academy of Medecine, et plusieurs statues de lui furent érigées à travers le pays.
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