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Qui sont les Falashas, ces noirs juifs et africains ?

Rédigé par

7.09.2015

Qui sont les Falashas ?

« Falashas » est le nom donné aux Éthiopiens de religion israélite descendant d’anciennes communautés restées coupées des autres juifs pendant des siècles, dans la Corne de l’Afrique. Alors qu’il existe des preuves historiques de la présence d’éléments hébraïques en Éthiopie dans les premiers siècles de notre ère et que l’Église chrétienne orthodoxe éthiopienne est clairement hébraïque, on ne dispose pas de données historiques les concernant avant le XIVe siècle.
Très isolés, ces juifs d’Éthiopie n’apprennent leur appartenance à la judéité qu’au XIXème  siècle et  préfèrent se désigner de Beta Israël (littéralement « Maison d’Israël »), car Falashas est un terme péjoratif à leurs yeux. En effet, après avoir bénéficié de petits états indépendants jusqu’au XIIè siècle, ils ont été conquis par l’empire d’Éthiopie et sont devenus une majorité marginalisée. Au XVe siècle, le roi d’Éthiopie décrète que « celui qui est baptisé dans la religion chrétienne peut hériter de la terre de ses ancêtres ; sinon, qu’il soit un falasi » (errant, exilé). A la suite de cela, un certain nombre de groupes hébraïques, et la majorité des Falashas se convertissent au christianisme. Un petit groupe parvint à préserver une identité sociale, économique et religieuse distincte, perpétuant les pratiques imposée par leur bible, évitant les non-juifs et devenant alors une classe de paysans sans terre, repliés sur eux-mêmes, vivant dans de petits villages des montagnes du nord du pays.
Les Falashas se perçoivent eux-mêmes comme les authentiques représentants de la communauté juive et les Écritures semblent leur donner raison… Dans la Bible, la nation sainte de Dieu est présentée sous la métaphore d’une femme noire aux cheveux crépus comme de la laine (cantique des cantiques 1:5, 6) et Moïse était perçu par ses contemporains, comme un Égyptien (Exode 2 : 19) ce qui suppose qu’il pouvait être noir puisque selon l’historien grec Hérodote, les Égyptiens  et les Éthiopiens des temps bibliques étaient noirs (Hérodote, Euterpe II, 104). L’existence de  juifs noirs soulève pour certains théologiens ou historiens la question à savoir si les anciens Hébreux (Abraham, Joseph, Salomon…) étaient Noirs?

Des origines  entourées de mystère

Les raisons de la présence d’une importante communauté juive, depuis au moins le haut moyen âge en Éthiopie, ne sont pas encore connues. Jusqu’au Ve siècle, les sources et archives indiquent la présence d’une communauté juive en Éthiopie qui remonterait du temps de l’Exode, comme dans d’autres pays riverains de la mer Rouge.
Plusieurs mythes et théories persistent :
— Le plus répandu est qu’ils descendraient des courtisans et dignitaires hébreux qui accompagnaient Ménélik Ier, fils du roi Salomon et de la reine de Saba, à son retour de Jérusalem lorsqu’il apporta l’arche d’alliance en Éthiopie, au Xe siècle avant Jésus-Christ.
— Ils seraient des Éthiopiens convertis par Moïse qui se serait rendu dans le pays où il l’aurait épousé une des leurs (Séphora ou Tsippora, une des femmes de Moïse, était Éthiopienne).
— Ils seraient issus de groupes chrétiens fondamentalistes ne considérant comme authentique que le Pentateuque et rejetant le reste de la Bible, en particulier le Nouveau Testament.
— Ils descendraient d’un groupe d’Hébreux ayant refusé de suivre Moïse lors de la sortie d’Égypte.
— Ils seraient « la tribu de Dan », une des dix tribus perdues d’Israël.
Des études sur l’ADN des populations éthiopiennes ne montrent aucune spécificité génétique des Beta Israël par rapport aux autres populations éthiopiennes.

Des rites religieux particuliers

Les juifs noirs d’Éthiopie pratiquent un judaïsme archaïque, proche du christianisme copte orthodoxe et  différent de celui pratiqué par les juifs blancs.  Leurs spécificités religieuses ont été combattues tout au long du XXe siècle par les représentants des Juifs européens et ont régressé au profit des pratiques du judaïsme rabbinique, mais sans disparaître.
Leur langue liturgique est le ge’ez et non l’hébreu, ils ne pratiquent que les fêtes juives mentionnées dans leur version de la Bible.  Ils pratiquent les fêtes de Pâques, observent le Sabbat, la circoncision, les interdits alimentaires. Leur lieu de culte est appelé masgid et non synagogue. Les offices sont pratiqués par des prêtres (Kés) et non des rabbins qui y lisent la Bible, et sacrifient l’agneau pascal. Le symbole traditionnel de l’étoile de David n’est pas utilisé, vu comme un symbole chrétien. Jusqu’au XXe siècle, la communauté possédait une importante tradition monacale, probablement empruntée aux chrétiens d’Éthiopie…
En 1941, après la libération de l’Éthiopie du joug colonialiste italien par Haïlé Sélassie Ier, les juifs du reste du monde entrent en contact avec les juifs noirs d’Éthiopie. Ce fut l’occasion pour eux l’occasion de découvrir avec surprise l’existence de juifs blancs, dont ils n’avaient jamais entendu parler. Leur judaïté est  reconnue officiellement par l’État d’Israël de telle sorte qu’ils puissent eux aussi bénéficier à la « loi du retour ».

Retour en terre promise ?

En 1975, le gouvernement israélien reconnait officiellement le caractère juif des Beta Israël, et leur ouvre la loi du retour. Ceux-ci vont alors mener une difficile émigration vers Israël. Le gouvernement procède à 2 grandes opérations aériennes organisées de pair avec le gouvernement américain : en 1984 l’Opération Moïse durant laquelle 16 000 juifs éthiopiens sont transportés en Israël et en 1991, en une nuit,  14 000 autres lors de l’opération Salomon. Les Juifs éthiopiens réalisent leur rêve de « revenir à Jérusalem » pour des raisons évidemment religieuses, mais aussi, économiques et politiques.  Le film du réalisateur Radu Mihaileanu retrace cette migration dans son film : Vas, vis et deviens (2005)
Mais, à leur arrivée c’est le désenchantement, se retrouvant à nouveau rejetés aux marges de la société, victimes de discrimination dans le logement, l’éducation, l’accès à l’emploi à cause de leur couleur de peau et de leur origine dite « primitive ». Pire encore, leur appartenance au judaïsme a été remise en doute… Les premiers immigrants furent contraints de subir une cérémonie de conversion.
En 2013, l’annonce que des Éthiopiennes Falashas ont été menacées de ne pas pouvoir émigrer en Israël si elles refusaient l’injection de contraceptifs avant leur départ avait fait scandale. Aujourd’hui les Falashas dénoncent le racisme de la police envers leur communauté et le fait d’être les « parents pauvres » de l’État hébreu.

Que savez-vous de la reine de saba ?

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