Les églises rupestres de Lalibela sont situées dans une région montagneuse à 2700 m d’altitude dans la région d’Amhara, à 645 km d’Addis-Abeba, la capitale.
Au nombre de 11, ces églises n’ont pas été édifiées de manière traditionnelle, mais sont creusées dans la roche volcanique de 3 collines.
Les diverses églises de Lalibela
Certaines sont hypogées: creusées dans l’épaisseur de falaises et laissant apparaître l’entrée ou la façade, ou monolithiques : entièrement sculptées dans le roc et présentant leurs façades à l’air libre.
L’intérieur : portes, fenêtres, colonnes, nefs, travées, étages, toits et arcs sont taillés dans le roc. Le site comprend également d’autres édifices moins importants ou difficiles à identifier : des chapelles et des constructions à caractères défensifs, tours, fossés, etc.
Histoire
Les églises furent taillées au début du XIIIè siècle par l’empereur Gebra Maskal Lalibela, descendant de la dynastie des Zagwé qui a régné sur toute l’Abyssinie (Ethiopie) pendant le 12e et le 13e siècle. Malgré la tolérance, du sultan Saladin (1137-1193), qui règne sur Jérusalem, le pèlerinage chrétien vers la Ville Sainte devenant dangereux à cause de l’expansion de l’islam, Lalibela décide d’édifier une « Jérusalem africaine » pour permettre aux chrétiens éthiopiens d’avoir sur leur terre leur propre Jérusalem. A sa mort la ville fut rebaptisée de son nom.
Depuis, Lalibela est devenu un haut lieu du christianisme orthodoxe éthiopien, de dévotions et de pèlerinage le 7 janvier à l’occasion de l’Epiphanie et du Noël éthiopien qui coïncide avec le jour de naissance de l’ancien empereur qui a été canonisé par l’église. L’orthodoxie est la religion d’Etat, ce qui n’empêche pas le pays de compter des catholiques, des juifs falashas et des musulmans.
Le site fut décrit pour la première fois en 1520 par Francisco Álvares un missionnaire européen qui décrit précisément chaque église en réalisant des dessins, dont certains réalistes. Des restaurations ont été menées pour la première fois sous le règne de Zewditu I (1916-1930) et ont permis de le protéger avec les moyens de l’époque. En 1978, le site est inscrit par l’UNESCO au patrimoine culturel de l’humanité et des travaux de conservation des monuments ont été lancés.
Légende
Peu après la naissance du futur roi, un nuage d’abeilles vint encercler son berceau. Sa mère, voyant cela comme un signe divin baptisa son fils Lalibela, qui signifie « Les abeilles ont reconnu sa souveraineté ».
Très vite le jeune Lalibela attisa la jalousie de ses grands frères dont celle du régent actuel de l’époque qui tenta plusieurs fois de l’assassiner. Suite à une tentative d’empoisonnement Lalibela entra dans un sommeil profond pendant 3 jours.
Lorsqu’il revint à lui , il expliqua avoir été transporté au paradis où Dieu lui demanda de construire des églises comme on en n’avait encore jamais vues et lui donna des instructions très précises sur leur emplacement et l’architecture des futures églises.
Description
Sa topographie correspond à une représentation symbolique de la Terre sainte, d’où son appellation de « Jérusalem Noire ». Les noms des différent lieux des églises y font référence: Le Jourdain, le Calvaire, la grotte de Bethléem, les tombeaux symboliques d’Adam, Eve, Abraham, Isaac, Jacob…
Une croix monolithe marque le point de départ d’un parcours sacré effectué par les pèlerins. On circule d’une église à l’autre par un réseau de tranchées, tunnels et passages pour les processions creusées dans la roche.
Ce réseau est équipé d’un système d’évacuation des eaux de pluie vers le fleuve « Jourdain » qui sépare les 2 principaux groupes d’églises. Une croix de pierre y marque même l’endroit où Jean-Baptiste baptisa le Christ.
Ces églises taillées et à proximité de village de cases traditionnelles rondes à étage, aux toits de paille, les « Lasta Tukuls », baties à partir des débris de pierres rouges issus de la construction des églises, sont un témoignage encore vivant de l’habitat au temps des Zagwé.
Les églises
Au cœur de chaque église se trouve le « maqdas », pièce où seul le prêtre a le droit de pénétrer, abritant une croix en or massif de 7 kg appelée «Afro Ayigeba » et le « tabot » qui symbolise à la fois l’Arche de l’Alliance et son contenu, les Tables de la Loi.
Toutes ont aussi un bassin pour baptiser les fidèles et 12 fenêtres, en référence aux 12 apôtres. A l’intérieur, la taille de la pierre est très précise et raffinée et les lieux sont généralement décorés de tableaux et peintures murales pieuses qui relatent l’histoire orthodoxe de l’Ethiopie et de riches draperies, mais chacune a ses particularités d’architecture, de taille, de forme.
Le nom des églises commencent tous par dont le mot Biet (Bet, Bete ou Beta) qui signifie « maison ».
Au nord du fleuve se trouvent :
Biete Medhani Alem, « la maison du Sauveur du monde »: conçue comme une basilique, elle est la plus haute et la plus spacieuse du site qui, avec ses 5 nefs, est considérée comme la plus vaste église monolithique au monde. Elle serait la reproduction de l’église Sainte Marie de Sion de Jérusalem.
Biete Mariam,« la maison de Marie »: où se trouvent l’étoile de David, une croix de Malte, une galerie, des escaliers et sept ouvertures.
Biete Maskal, « la maison de la Croix »,
Biete Denagel,« la maison des vierges »,
Biete Golgotha & Mikael,« la maison de Golgotha-Mikael »: églises jumelles construites à l’identique et reliées entre elles par une porte. On y retrouve la Bible en Amharic et en Gue’ez, la vraie tombe de Lalibela ainsi que des répliques du tombeau du Christ, d’Adam et de la crèche de la Nativité. Sur les façades sont creusées des représentations des douze apôtres.
Au sud du fleuve, à environ 300 m du premier groupe se trouvent:
Biete Amanuel,« la maison d’Emmanuel »
Biete Qeddus Mercoreos, « la maison de saint Mercorius »,
Biete Abba Libanos, « la maison de l’abbé Libanos »,
Biete Gabriel Rafael, « la maison de Gabriel-Raphaël »,
Biete Lehem (« la maison du saint Pain »)
et la onzième et dernière, Biete Ghiorgis, « la maison de saint Georges », isolée au sud-ouest du premier groupe mais reliée sur près de 400 m au reste des groupes par un réseau de tunnels et de gorges taillés dans la roche.
Les érosions et dégâts des eaux
Tous les monuments ont ces trente dernières années énormément souffert de l’érosion et des dégâts des eaux. Les sculptures, bas-reliefs et peintures à l’intérieur des églises se sont gravement dégradées et plusieurs églises ont des problèmes de structure et risquent de s’écrouler. C’est pourquoi l’Union européenne a financé la construction de toits pour les protéger, en attendant que des fonds plus important puissent être trouvés pour les restaurer. mais les constructions aux alentours des églises qui empiètent s’en rapprochent sont aussi une menace…
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