L’origine du mot
Le terme d’origine, potomitan ou poteau-mitan, désigne le poteau central dans le temple vaudou qui représente l’axe du monde allant de la terre au ciel et établit la communication entre le monde des humains et celui des esprits et autour duquel les adeptes dansent et déposent des offrandes afin qu’ils descendent et prennent possession des fidèles.
Le poids de l’histoire
Ce type de famille matrifocale, que l’on retrouve aussi en Guyanes, aux Etats-Unis ainsi qu’en Amérique centrale (Bélize, Colombie…), ou en Jamaïque, Haïti a été généré par «l’univers de Plantation» dans lequel l’économie familiale reposait sur la femme-esclave procréatrice et sur l’homme-esclave comme géniteur, étalon-reproducteur. mais jamais comme père de sa progéniture. le système esclavagiste et l’article 12 du code noir, l’enfant suivait le statut de la mère: « les enfants qui naîtront de mariages entre esclaves seront esclaves et appartiendront aux maîtres des femmes esclaves, et non à ceux de leur mari, si le mari et la femme ont des maîtres différents.” Obligée de mettre au monde des enfants sans que pour autant elle ne fonde une famille, la mère célibataire devenait la norme, de façon que seuls mère et enfant comptent dans l’économie familiale. Hommes et femmes étaient écartés en tant que couples, en tant que parents responsables de leurs enfants, car la cellule familiale était considérée comme l’éventuelle cause d’insubordination et de révolte. Ce n’est qu’en 1848, à l’abolition que la famille antillaise a vu le jour, par conséquent elle est jeune et les femmes y ont donc acquis un rôle majeur.
Pourquoi cette expression?
Ce terme se rapporte à l’individu qui est au centre du foyer, autour duquel tout s’organise et s’appuie. On parle aussi de » on fanm an kilot ay », « on fanm doubout « . Beaucoup de familles antillaises sont monoparentales et/ou reposent sur un personnage dont la force garantit l’équilibre familial : la mère ou la grand-mère. Ces dernières, solides physiquement et moralement, élèvent seules leurs enfants parfois de pères différents et doivent concilier travail et famille. La femme potomitan est la mère «courage» qui supporte tel un pilier les fondements de son univers face à l’absence ou de l’effacement de la figure de pères. Cette image, « méritée » de part les situations de choix, sacrifice et compromis, montre le parallèle mystique et social d’une personne qui donne et soutient la vie, la famille. Aux Antilles ce modèle familial dominant est appelé matrifocal. La mère y est décrite comme un être exceptionnel, forçant l’admiration de tous par son courage et sa force à affronter une situation économique souvent précaire.
Pour ce qui est de la grand-mère, son rôle est privilégié par l’absence de parents (mère adoptive) ou en cas de conflit mère-enfants. Nourricière et protectrice, elle remédie aux défauts de la mère biologique, assure la continuité familiale. Plus elle fait preuve de résistance aux coups durs et de capacité à sauvegarder sa dignité, plus elle a droit au titre flatteur de «poteau mitan».
Plus largement il désigne aussi aujourd’hui la femme antillaise épanouie, dynamique, active, indépendante, mère irréprochable et courageuse.
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