Angela Yvonne Davis est née en 1944 à Birmingham en Alabama, dans le Sud des États-Unis où était encore appliquée la ségrégation raciale. Elle a été dès son plus jeune âge confrontée au quotidien au climat de racisme et de violence. Ses parents diplômés d’universités noires et enseignants étaient des militants membres de l’Association Nationale pour la Promotion des Gens de Couleur (NAACP).
La jeune Angela a la chance de passer ses étés à New York où elle constate les conditions de vie différentes entre les Noirs du Sud et ceux du Nord. À 14 ans, elle choisit d’y suivre ses études. Elle y découvre le communisme, adhère à une organisation de jeunesse marxiste-léniniste qui l’amène à replacer les problèmes de la communauté noire dans un contexte plus large de la classe ouvrière. Elle y connait ses premières expériences en tant que militante en participant aux manifestations de soutien au mouvement des droits civiques.
En 1962, elle obtient une bourse pour étudier à l’université du Massachusetts où elle sera l’une des rares (3 !) étudiantes noires. Elle porte un grand intérêt aux œuvres des existentialistes français et étudie la littérature et la philosophie françaises contemporaines, Jean-Paul Sartre en particulier. Elle a aussi l’opportunité d’assister à un meeting de Malcom X. En 1965, elle part faire des études de philosophie en Allemagne où elle assiste à diverses conférences durant lesquelles elle réalise que l’oppression raciste qui règne aux États-Unis est forte et participe à des manifestations étudiantes contre l’intervention militaire américaine au Viêt Nam.
Pendant ce temps de l’autre côté de l’Atlantique, le mouvement de libération des Noirs est en pleine effervescence et tend à se radicaliser vers le Black Power. Frustrée de ne pouvoir y participer, après 2 ans, elle décide de rentrer au pays. Le marxisme étant toujours un élément central de son activisme, en 1968 elle adhère au Che-Lumumba Club, section du Parti communiste américain réservée aux Noirs et rejoint aussi les Black Panters, sans rejeter le pacifisme et intégrationnisme prônés par Martin Luther King… Mais ses positionnements dans ces 2 partis lui valent d’être surveillée par le FBI.
En 1968, Angela Davis obtient son doctorat et devient enseignante à l’Université, mais elle est renvoyée à cause de son militantisme politique. En 1969 elle s’engage dans le comité de soutien aux Frères de Soledad, 3 prisonniers noirs militants Blacks Panthers, accusés d’avoir assassiné un gardien. En 1970, elle est accusée de meurtre dans une prise d’otage au tribunal visant à libérer les prisonniers et durant laquelle les 3 prisonniers et le juge sont tués.
Angela part en cavale à travers les États-Unis et dans un contexte de guerre (froide et au Viêt Nam,) est fichée sur la liste des femmes les plus recherchées par le FBI. Mais après 2 semaines, elle est rattrapée et emprisonnée 18 mois avant d’être jugée. Inculpée de meurtre, d’enlèvement et de conspiration son procès, en janvier 1971, débouche sur une condamnation à mort. Angela Davis symbolisait tout ce que détestaient les dirigeants conservateurs de l’Amérique blanche de ces années-là : elle était noire, féministe, proche des Black Panthers, au surplus militante au sein du Parti communiste américain.
Face à l’accusation sans preuve pour un crime qu’elle n’avait pas commis, mais dont elle n’avait pas été accusée par hasard, son affaire connaît spontanément un retentissement international et des manifestations pour sa libération ont lieu partout dans le monde, comme à Paris soutenues par Jean-Paul Sartre, Gerty Archimède, Pierre Perret autour du aujourd’hui célèbre slogan : « Free Angela ». Elle est acquittée en 1972.
Dès sa sortie de prison, Angela se met à publier des essais et des discours contestataires sur : le Viêt Nam, l’antiracisme, le féminisme, la peine de mort… ce qui en fait l’une des intellectuelles radicales les plus connues de l’époque. Aujourd’hui, Angela Davis est professeure d’« histoire de la prise de conscience » à l’université de Californie. Toujours fidèle à ses convictions, elle dénonce aussi régulièrement le sort réservé aux Palestiniens, demande la fermeture du camp de Guantánamo et soutient fermement le mouvement de l’abolition du régime carcéral américain qu’elle considère comme une nouvelle forme d’esclavage… Le combat d’Angela continue !
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