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Mounia : "Je n'ai pas souffert du racisme !"

Rédigé par

20.01.2016

Après avoir présenté récemment le parcours de Mounia Orosemane, place à une rencontre avec cette artiste à plusieurs facettes.

Et maintenant, parlons Musique !

Blake’s : Pourquoi le choix du reggae et pas un autre genre musical comme le zouk, le jazz ou le gospel ?  
Mounia : Le reggae m’a toujours inspiré ! C’est une musique qui permet d’exprimer énormément de choses sur la vie de tous les jours et le communiquer de manière internationale. J’affectionne de nombreux artistes de reggae dont bien sur le grand maitre Bob Marley ! c’est une musique qui me parle, me touche profondément…
Pourquoi le choix de mélanger l’anglais, le français, le créole ? Ta cible n’est pas que francophone ?
Mounia : J’ai toujours adoré la langue de Shakespeare, dès mon plus jeune âge d’ailleurs ! J’ai toujours aimé l’accent des Anglais, des Américains. Cette langue permet d’aller au-delà des barrières linguistiques.
Explique-nous le titre de ton album : Reggae Afro Caribbean groove?
Mounia : C’est très long, mais en même temps très court ! (rires !) Cela veut dire que je suis Caribéenne, et par Caraïbes j’entends aussi Sainte-Lucie, la Dominique, la Jamaïque aussi, où l’on parle l’anglais. Afro : j’entends par là, Africaine par notre histoire liée à la traite négrière. Dans mon album il y a tout ce mélange ! Il y a des inspirations venant de la soca, de l’Afrique du Sud. Jeff (NDLR : Jeff Joseph) y tenait… Et il y a le groove : le rythme !
Tu n’en avais pas sorti depuis 2011 ? Pourquoi ce retour musical ? En quoi celui-ci est-il différent des autres ?
Mounia : Oui, j’ai déjà sorti un album avec mon mari Jeff Joseph, qui a disparu le 23 novembre 2012. Ce nouvel album, nous devions le sortir ensemble et je l’ai fait parce que je sais que c’est ce qu’il aurait souhaité. C’est l’aboutissement d’un dernier projet en duo. Il a pu m’écrire 4 chansons et j’ai repris Woopsy Mama sur laquelle il chante, dans cette version, en français ! C’est un hommage que je fais à Jeff. Je suis certaine que de là ou il est il est ravi de voir que je continue, que je ne baisse pas les bras. C’était quelqu’un qui considérait  qu’il fallait toujours aller de l’avant !Jeff Joseph et Mounia sur le titre Woopsee
Plusieurs titres lui rendent hommage (Woopsy, Don’t forget, Congo…). Il est très présent dans cet album… Il est toujours auprès de toi ?
Mounia : Oui, il est toujours là ! Et si aujourd’hui je fais de la scène, je sais tenir un micro, je sais pousser la voix, chose que je ne savais pas faire avant, c’est grâce à lui ! En plus, il m’a donné l’occasion de monter avec son groupe Grammacks ! Avec lui, j’ai vraiment tout appris !
Quel (s) message(s) souhaites-tu faire passer à travers cet album ?
Mounia : Il y en a plusieurs ! Ce sont des messages d’amour, l’affection, l’attention, le pardon qu’on peut donner à l’autre, mais aussi à soi même, la compréhension de soi pour pouvoir donner, offrir aussi à l’autre. Et le reggae se prête très bien à ces messages !
J’ai prévu de me produire avec un groupe uniquement féminin — sauf à la basse ! J’ai prévu d’aller tourner aux Antilles, en France hexagonale, en Allemagne, aux États-Unis aussi bien sûr, et j’aimerais aller en Afrique ! J’espère pouvoir le faire ! J’aime énormément la scène !
Comment Euzhan Palcy en est arrivé à faire ton clip ? Quelle est votre relation ? 
Mounia : C’est moi qui lui ai demandé, même si je sais qu’elle n’a jamais le temps et est très très occupée ! (Rires). Mais elle est comme une sœur pour moi ! On se ressemble énormément à tel point que parfois on nous confond ! Euzhan, quand elle a entendu cette chanson « reading, running » elle m’a dit qu’elle l’adorait du coup j’en ai profité et elle ne pouvait pas me dire non ! (Rires).

Visuel Album Mounia 2015 (full)

Album de Mounia sorti en 2015


Tu as toujours été très engagée dans l’humanitaire, pourquoi ? Quel a été le déclic ?
Mounia : Çela a toujours fait partie de moi ! J’ai toujours voulu aider les plus démunis. Quand j’étais chez Yves Saint-Laurent, j’ai toujours accepté de présenter des collections pour 0 centime lorsqu’il s’agissait d’œuvres humanitaires. Et toujours pour des enfants. Comme je n’ai pas eu la chance d’en avoir, je me suis toujours occupée d’enfants défavorisés que se soit en Afrique, au Venezuela, en Haïti et évidemment, aussi en Martinique. Dernièrement, grâce à mon association Mounia Pour l’Amour des Enfants, j’ai réussi à reconstruire en Haïti un petit orphelinat qui avait été complètement rasé par le tremblement de terre.
Tu as été la première égérie noire de la mode, mais tout n’a pas dû être tout rose… quels ont été les moments difficiles? Et tes meilleurs souvenirs?
Mounia : Sincèrement je n’ai pas souffert du racisme, même si cela étonne souvent… Une fois, une riche cliente a demandé à M. Saint-Laurent : « Qu’est-ce que vous faites avec cette négresse chez vous ?! » Il lui a simplement répondu : «Ooui, c’est mon égérie, je l’adore et elle m’inspire énormément ! La preuve, tout ce que vous avez choisi c’est elle qui l’a porté ! » (Rires !) Yves Saint Laurent ne m’a jamais trahi ! Nous étions très proches, très complices !
Que penses-tu du monde du mannequinat d’aujourd’hui ? Et par rapport à la place des femmes noires ? Que conseillerais-tu aux jeunes filles qui souhaiteraient se lancer ?
Mounia : J’aimerais que l’on revienne à la pratique des parades d’avant c’est-à-dire que lorsque l’on présente une robe, qu’on la fasse vivre, rayonner ! Aujourd’hui, je trouve que c’est trop « porte-manteau », impersonnel. On ne sait plus qui sont les filles qui défilent car elles se ressemblent toutes, elles marchent toutes de la même manière…. Mon conseil est de rester naturel et soi-même, de garder sa personnalité, de donner envie de porter la tenue !
Tu es une grande amoureuse de ton île, la Martinique. Quel est ton endroit préféré ? Pourquoi ?
Mounia : J’aime beaucoup chez moi, à Cluny, parce que j’habite en plein bois. J’ai plein de grands arbres autour de chez moi, dont des mahoganis centenaires et c’est calme serein, beau… C’est mon petit havre de paix ! J’aime aussi beaucoup la commune où je suis née à Saint–Esprit, vieille citerne ça s’appelle. Là aussi c’est la campagne, c’est l’authenticité !
Lesquels de tes rêves n’as-tu pas réalisés ?
Mounia : Je regrette de n’avoir pas eu d’enfants, mais j’ai beaucoup de bonheur avec « mes enfants » que j’aide grâce à l’association et qui m’appellent Tati-Maman ! J’ai les 2 appellations à la fois ! C’est marrant non?
Un dernier mot? 
Mounia : Allez acheter mon dernier album, car vous vous ferez du bien ainsi qu’à mes petits par les 1 € reversé à l’association (disponible en téléchargement légal). Et allez faire un tour mon site internet : http://www.mouniapourlamourdesenfants.org/ !
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