J’ai réussi à balayer tous les préjugés dans ce monde très exigeant, majoritairement blanc et miné par les préjugés racistes. Mais Il ne faut oublier que c’est aussi grâce à ceux qui m’ont précédé : Arthur Mitchell, premier danseur étoile noir américain en 1956, Desmond Richardson, le seul danseur étoile noir à avoir dansé pour l’ABT, et aussi celle que je considère comme mon mentor, l’ancienne ballerine noire, Raven Wilkinson, aujourd’hui âgée de 80 ans qui devait se maquiller en blanc avant de monter sur scène…
Une enfance pas forcément facile
Alors que la grande majorité des ballerines est blanche, a commencé à l’âge de 5 ans, est fine et longiligne, je suis noire, petite (1,57m), musclée, avec de la poitrine et de grands pieds (je chausse du 40) et j’ai commencé à 13 ans. J’ai raté des auditions à cause de mon physique atypique. J’ai été critiquée, victime de racisme et l’on m’a souvent conseillé me tourner vers le hip-hop. Mais ça ne m’a jamais découragée ! La danse a été une révélation et m’apporté beaucoup de discipline et d’équilibre dans ma vie.
Je suis née en 1982, au sein d’une famille de 5 frères et sœurs à San Pedro, un quartier de Los Angeles en Californie. Nous vivions avec ma mère, dans des motels, déménageant en fonction des boulots qu’elle décrochait. Elle nous a élevés seule et subvenait à nos besoins grâce aux aides sociales.
J’ai été repérée par hasard sur un terrain de basket, en interprétant une chorégraphie sur I Want Your Sex de George Michael, qui m’a permis d’être nommée capitaine de l’équipe de pom-pom girls de mon collège. Poussée par ma professeur de danse Cynthia Bradley, j’ai ensuite intégré l’école de danse de San Pedro, un monde réservé à l’élite blanche. Les trajets étant longs ma mère a voulu mettre un terme à mes leçons. Mais après la proposition de ma professeur de m’héberger elle accepta que la semaine je vive chez les Bradley. J’avais 15 ans.
Dorénavant je n’avais plus qu’un seul objectif : intégrer l’American Ballet Theater de New York. J’ai pris des cours à domicile et j’ai consacré la majeure partie de mon temps à la danse. En 3 mois, j’ai réussi à monter sur des pointes : un miracle en si peu de temps et à mon âge ! Après 8 mois j’ai participé à un spectacle de Casse-Noisette durant lequel je me suis fait remarquer.
Une bataille médiatique douloureuse
Plus tard j’ai été choisi par le San Francisco Ballet pour participer à des stages d’été. Je suis ensuite retournée vivre chez ma mère, mais une lutte pour ma garde s’est engagée entre elle et la famille Bradley qui voulait continuer à m’aider dans ma carrière. Conseillée par ma professeure j’ai entamé une procédure d’émancipation, mais elle a été rejetée et ma mère a obtenu une ordonnance restrictive à l’encontre des Bradley. Cette bataille a fait la une des médias et m’a énormément affectée.
Après cet épisode, j’ai été choisie parmi 150 danseurs pour intégrer le corps de ballet des jeunes espoirs de l’American Ballet Theater Studio Company.
L’American Ballet Theatre
L’année suivante, en 2001, à 18 ans, mon rêve devient réalité : j’intègre l’American Ballet Theatre en tant que membre du corps de ballet. Et je réalise aussi que je suis la seule femme noire dans une compagnie de 80 danseurs. En 2007, je suis promue première ballerine. Aucune danseuse noire n’avait été nommée à ce poste depuis 20 ans. En 2014, j’ai été récompensée par les Dance Magazine Awards organisée par Dance Magazine.
Je veux inspirer les jeunes générations
Aujourd’hui, je dois prouver que je suis une vraie artiste, pas seulement une ballerine noire. Ma crainte serait qu’il se passe encore 20 ans avant qu’une autre femme noire accède au même poste que moi dans une compagnie prestigieuse. Je veux être un exemple et que les enfants voient en moi un espoir voire plus…C’est pourquoi je milite pour plus de diversité dans le monde de la danse et pour une ouverture aux milieux défavorisés.
Avec l’ABT, je forme des professeurs qui enseigneront gratuitement dans quartiers populaires et depuis 2013 je suis porte-parole de Project Plié qui offre des bourses aux étudiants issus de minorités. Cela m’a valu la couverture de Time Magazine qui m’a classé parmi les 100 personnes les plus influentes de l’année 2015. Barack Obama, devant qui j’ai dansé, m’a aussi nommé membre permanent du Council of Fitness, Sport and Nutrition, le département qui lutte contre l’obésité et a lancé l’opération de sa femme, « Let’s move ».
C’est aussi pour cela que j’ai accepté d’être l’égérie d’une ligne de vêtement de sport Under Armour dont le slogan est : I will what I want (Je deviendrai ce que je veux) !
Faîtes comme moi, n’abandonnez pas vos rêves !
Je m’appelle Misty Copeland.
http://mistycopeland.com/
http://www.abt.org/education/projectplie/video/
biographie, Life in Motion, An Unlikely Ballerina: http://www4.fnac.com/livre-numerique/a6965634/Misty-Copeland-Life-in-Motion#FORMAT=ePub
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