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Massacre de Tulsa : Black Wall Street a existé

Rédigé par Christ-Laur Phillips

10.06.2020

On nous répète à l’envi que les noirs manquent d’unité, et que c’est pour cette raison que les inégalités persistent. Que nous sommes incapables de nous organiser et de mutualiser nos moyens, surtout économiquement.
Les chiffres de la NAACP ( National Association for the Avancement of Colored People) rapportent qu’un dollar dépensé reste 1 mois dans les communautés asiatiques, 20 jours dans les communautés juives et seulement 6h dans les communautés noires.

Black Wall Street à Tulsa : L’ Apogée de l’économie noire aux Etats-Unis 

Mais savez-vous qu’à une époque; quarante ans après l’abolition de l’esclavage,  un dollar réussissait à rester près d’une année dans une communauté noire ? C’était il y a presque 100 ans, aux Etats-Unis, dans la ville de Tulsa, en Oklahoma. Durant près de 15 ans, l’économie noire s’est organisée…
De jeunes entrepreneurs riches, à l’image de O W Gurley et J B Stradford, décidèrent d’acheter de vastes parcelles qu’ils ne revendirent qu’à des noirs, créant ainsi une véritable économie afro-américaine dans le quartier de Greenwood.
A son apogée ce quartier a accueilli 10 000 personnes et 15 épiceries, 12 églises, 2 journaux, 4 cinémas,  4 pharmacies ainsi que des médecins, ambulanciers, dentistes et professionnels de tous secteurs, tous noirs… Une réussite qui lui a valu le surnom de « Negro Wall Street ».
Mais dans les années 1920, même si les Etats-Unis étaient sortis victorieux de la Première Guerre Mondiale, le retour sur le marché de l’emploi de nombreux soldats alimentèrent les tensions raciales. Les soldats noirs estimaient avoir mérité leur place dans ce pays alors qu’en face, le Ku Kux Klan enregistrait son record de sympathisants avec plus de 5 millions de membres…
 

Le pire épisode de violence raciale dans l’histoire des États-Unis

31 mai 1921 : Certains affirment qu’un jeune cireur noir de 19 ans aurait violé une jeune téléphoniste de 17 ans… D’autres soutiennent que le jeune Dick Rowland aurait trébuché  et seulement attrapé Le Bras de Sarah Page, causant sa frayeur.
Emmené au poste de police, le jeune Dick Rowland menaçait d’être lynché, une décision contestée par un groupe d’hommes issus de la  communauté noire qui s’est rendu au poste, provoquant une première altercation avec un groupe d’hommes blancs déjà sur place. Des coups de feu furent échangés, dix blancs tués contre deux noirs…
Il n’en aura pas fallu plus pour que la haine raciale se déchaîne dans la ville et qu’une horde d’hommes blancs se rue à Greenwood avec la ferme intention de tout détruire et de rappeler aux « Négros » quelle était leur place.
Des milliers de créatures enragées déferlèrent à Greenwood. En quelques heures, 35 pâtés de maison sont réduits en poussière  : hommes, femmes et enfants sont abattus, des bombes de térébenthine larguées par des avions appartenant à la police sur les toits de commerces et de maisons pillés et incendiés.
Cette expédition punitive de deux jours, les 31 mai et 1er juin 1921, fit près de 300 morts et des milliers de sans-abris. On procéda à 6000 interpellations de noirs et, en quelques heures, il en fut terminé de la première et dernière organisation économique noire aux Etats-Unis.

Le quartier de Greenwood, Tulsa, au début du 20ème siècle

Et aujourd’hui ? 

En 1996, une commission d’investigation a été créée afin d’enquêter sur l’émeute raciale. Son rapport, rendu en 2001, proposant de  dédommager financièrement les descendants de victimes a été actée. Des fouilles archéologiques continuent et la récente découverte de charniers pourrait faire revoir à la hausse le nombre de personnes tuées pendant le « massacre de Tulsa ».
Cette partie de l’Histoire a longtemps été occultée aux Etats-Unis, n’apparaissant dans aucun manuel scolaire. C’est la série Wachmen qui a levé le voile sur cet épisode douloureux. Le 1er juin 2020, le basketteur LeBron James a annoncé via son compte Twitter qu’il allait produire une série documentaire sur l’un des chapitres les plus terribles de l’histoire des Afro-Américains…

Portrait de Christ-Laur PHILLIPS, journaliste de BLAKES
Christ-Laur Phillips

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