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Lilian Thuram, l'homme aux pieds et au cœur en or

Rédigé par

13.11.2015

Lilian Thuram est né en 1972 et grandit  élevé par sa mère avec son frère Antonio à Anse-Bertrand, en Guadeloupe, où il touche déjà au ballon rond. En 1980, sa mère quitte l’île pour Bois-Colombes en métropole où à l’âge de 9 ans il se trouve confronté au racisme. Au quartier des Fougères près de Fontainebleau, il joue pour le club local des Portugais de la ville, puis au club de Fontainebleau et à Melun. En 1990 à l’âge de 18 ans, il entre à l’AS Monaco où il commence sa carrière professionnelle en première division. 6 ans plus tard  il part pour l’équipe de Parme puis la Juventus il est surnommé « La pantera nera » (la Panthère noire) ou encore le «Gigante di Guadalupa» (le Géant de Guadeloupe).

Un défenseur hors pair

En Italie, se heurtant au racisme de certains supporters, poussant des cris de singe le concernant, il refuse de jouer à la Lazio Rome. Quand il a 22 ans, son frère meurt sur un terrain de basket, foudroyé par une arythmie cardiaque. C’est toujours en 1996 qu’il devient titulaire de l’équipe de France, prenant la suite de Jocelyn Angloma, Guadeloupéen lui aussi. De 1996 à 2000, il forme avec Laurent Blanc, Marcel Desailly et Bixente Lizarazu, l’une des meilleures lignes de défense du monde.
Lors de la Coupe du monde 1998, il qualifie la France à la demi-finale en inscrivant 2 buts contre la  Croatie. A 26 ans, il devient un héros national! L’équipe de France remporte la finale contre le Brésil et ses membres dont Thuram sont faits chevaliers de la Légion d’honneur.
En 2004,après l’échec de la France au Championnat d’Europe, il décide de mettre un terme à sa carrière internationale mais répond à contrecœur, en  2005, à la convocation du sélectionneur Raymond Domenech pour la coupe du monde 2006 avec l’équipe de France, sa 3ème après 1998 et 2002. L’équipe s’incline à la  finale aux tirs au but contre l’Italie mais il décide malgré tout de rester en équipe de France, au moins jusqu’à l’Euro 2008.
Au mois de juin 2008, alors qu’il est sur le point de signer avec le  Paris Saint-Germain, il annonce que des examens réalisés lors de sa visite médicale, ont révélé une malformation cardiaque héréditaire, la même que celle qui a coûté la vie à son frère 14 ans plus tôt. Ces examens révèlent que son cœur est anormalement  gros. Lilian Thuram annonce donc à l’âge de 36 ans  sa décision de mettre un terme à sa carrière. Avec 142 sélections, il est le joueur le plus capé de l’histoire de l’équipe de France, record seulement dépassé par la capitaine de l’équipe de France féminine, Sandrine Soubeyrand.

Au delà du football…

Profitant de son statut de personnage public, Lilian Thuram n’hésite pas à utiliser son nom et son image pour servir une cause qui lui est chère: la lutte contre le racisme. Il ne cache pas non plus son engagement en ayant des positions affirmées sur des sujets liés à l’égalité, à l’immigration et par ses actions de lutte contre le racisme sous toutes ses formes.
Il a été membre du Haut conseil à l’intégration, ainsi que du conseil d’administration de l »Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), aux activités de laquelle il participe, comme par exemple la campagne de sensibilisation sur les enfants soldat.Il a été ambassadeur de l’Organisation internationale de lutte contre la  drépanocitose  (OILD) ainsi que pour l’Unicef pour le programme de reconstruction des écoles suite aux séismes de Haïti. Avec des personnalités comme Alain Chabat et Joeystarr, il est aussi membre et parrain du collectif « Devoirs de Mémoires ».
En 2001, il rencontre Nelson Mandela, moment qui reste l’un des plus forts de sa vie…En 2005, il n’hésite pas à critiquer Nicolas Sarkozy, ministre de l’Intérieur, qui ne voyait chez les jeunes émeutiers que des « racailles » et qu’avant de parler d’insécurité, il faut parler de justice sociale. L’année suivante il évoque les dangers d’une « sarkoïsation des esprits ».
Septembre 2006, avec Josiane Balasko, Jamel Debbouze et Patrick Vieira il soutient et invite, des sans papiers et des Français expulsées d’un squat de Cachan pour le match France-Italie au Stade de France, en finançant lui-même l’achat de places. Mais la situation fait polémique et l’action est critiquée par des politiques qui estiment que les footballeurs sont faits pour jouer au football. Cela ne l’empêche pas d’avoir le soutient de SOS Racisme, Marie-George Buffet et Raymond Domenech qui expliquent que ce type d’action « permet simplement de donner un peu de répit à des personnes victimes d’injustices créées par les politiques et non récompenser ceux qui fraudent comme on le laisse entendre ».

Mes étoiles noires…

en 2008 il créé la Fondation Lilian Thuram dont l’objectif est de combattre le racisme par l’éducation, partant du postulat que l’on ne nait pas raciste, on le devient. Elle mène donc des actions pédagogiques, organise des activités et des événements, afin par l’intermédiaire des parents, de l’école ou du sport, d’inculquer les valeurs de respect d’autrui et d’égalité.
En 2010, toujours dans la même démarche, il sort l’ouvrage pour lequel il reçut le prix Seligmann contre le racisme : « Mes étoiles Noires, de Lucy à Barack Obama « , qui répertorie 40 personnalités noires qui ont marqué l’Histoire, qu’il ne faut pas oublier et qui peuvent être pris pour modèles. En mars 2012, il participe à l’inauguration du Mémorial de l’abolition de l’esclavage de Nantes et associé à l’économiste Pierre Larrouturou ainsi qu’à Stéphane Hessel, ou encore Michel Rocard il fonde le Collectif Roosevelt 2012 mouvement citoyen  qui vise à peser sur les décisions des dirigeants en proposant 15 réformes d’ordre financier, économique, social et environnemental pour éviter de s’enfoncer davantage dans la crise.
Lilian Thuram est donc un retraité actif qui espérons-le, grâce à sa fondation arrivera à rendre les futures  générations plus ouvertes et tolérantes ! Il a aussi 2 jeunes garçons, Marcus(en hommage à Marcus Garvey) et Kephren (en hommage au pharaon)  auxquels il porte beaucoup d’attention et qui suivent les traces de leur père. En 2012, son fils Marcus à intègre le centre de formation du Football Club Sochaux-Montbéliard et en 2015  fait ses débuts professionnels au poste d’attaquant. En septembre 2014, Képhren âgé de seulement 13 ans passe avec succès les test d’entrée pour intégrer le pôle espoir de Clairefontaine, centre de formation qui a accueilli Thierry Henri ou encore Nicolas Anelka, au poste de milieu défensif. Souhaitons-leur le même destin que leur père!

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