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Madame St-Clair, reine de Harlem
L’auteur martiniquais, nous propose pour cette rentrée un roman inspiré d’une histoire vraie, celle de Stéphanie St-Clair (1886-1969), petite négresse de la Martinique ne parlant pas anglais, émigrée sans le sou qui devint chef de gang dans le New York des années 1920-1940. Surnommée « Madame Queen » ou « Queenie » par le milieu, elle dirigea plusieurs entreprises criminelles à Harlem et devint la reine de la Loterie clandestine. Elle sut s’imposer dans un milieu masculin et machiste, affrontant à la fois la pègre noire et la mafia blanche du Syndicat du crime, et traversa la Prohibition, les émeutes des ghettos noirs, la Première Guerre mondiale, la Grande Dépression de 1929, la Seconde Guerre mondiale et le début du Mouvements des Droits Civiques… S’étant enrichie au point d’habiter le quartier huppé de Harlem Sugar Hill, où résidaient les grands intellectuels noirs et de futurs grands musiciens de jazz, elle fréquenta aussi des représentants de la « Black Renaissance » et était l’amie de nombres d’entre eux, ce qui en fit une icône à Harlem, et dans nombre de ghettos noirs du Nord des États-Unis. Elle mourut à l’âge de… 83 ans et fut enterrée dans un cimetière de Harlem où se trouve toujours sa tombe.
Ce roman rend justice et un bel hommage à celle qui fut un précurseur du féminisme afro-américain, sans jamais avoir obtenu de notoriété internationale…
Madame St-Clair, reine de Harlem
Raphaël Confiant
19.50 €
Éditions Mercure de France
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Délivrances
À plus de 80 ans, l’icône de la littérature afro-américaine, prix Nobel de littérature et auteur du célèbre Beloved, Toni Morisson prend parti pour l’enfance martyrisée tout en ne cessant d’explorer les questions de couleur de peau. Dans ce 11è roman contemporain, Lula, née dans les années 1990 est une petite noire de peau que sa mère, métisse au teint clair, répudie à cause de sa couleur trop sombre par rapport à elle et qui ne commence à la considérer que le jour où elle témoigne contre une institutrice blanche, l’envoyant pour 20 ans derrière les barreaux… Jeune femme, elle se fait appeler Bride et devient une spectaculaire jeune femme noire de 23 à la beauté hors norme, toujours habillée de blanc. En devenant directrice régionale d’une petite entreprise de cosmétiques, Bride pensait avoir pris sa revanche sur la vie. Mais son existence bascule à nouveau quand réapparait après 15 ans l’ancienne institutrice condamnée à tort à la suite de son faux témoignage. Bride se sent redevenir la fillette perdue et tourmentée qu’elle fût…
Toni Morrison décrit sans concession des personnages prisonniers de leurs souvenirs et de leurs traumatismes sans cesser d’examiner et d’interroger les conflits et les changements culturels de notre époque. Dans ce roman réaliste, tout en faisant appel au fantastique, aux mythes et stéréotypes, elle entend reconstruire et rendre justice à l’identité noire
Un ouvrage intelligent, courageux, sensuel, adulé par la critique qui sans aucun doute est l’une des sensations de cette rentrée littéraire.
Délivrances
Toni Morrison
Editions Christian Bourgois
18 €
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Le café de luxe pour beaux messieurs
Alexander McCall Smith est internationalement connu comme le créateur du personnage de Mma Precious Ramotswe, première femme détective du Botswana. Divorcée, Mma ouvre à la capitale Gabarone, avec Mma Makutsi, sa « Détective Assistante », la première agence de détectives strictement au féminin : « L’Agence N° 1 des Dames détectives » (N° 1 Ladies’ Detective Agency). Femme forte, dans tous les sens du terme, joyeuse, pragmatique et très futée, véritable Sherlock Holmes en jupon de wax !, elle base son travail sur la logique, l’écoute et ses propres intuitions. Toutes les 2, épaulées par des personnages secondaires mains néanmoins attachants (le coiffeur efféminé, le garagiste follement amoureux, mais timide maladif…) déclarent la guerre personnes mal- intentionnées : belles-filles entêtées, maris en fuite ou escrocs sans scrupules, et ne tardent pas à forcer le respect. Precious Ramotswe a même été portée à l’écran en 2008 dans série sous les traits de la chanteuse américaine de R & B, Jill Scott.
Dans cette nouvelle enquête, un frère et une sœur recueillent une femme amnésique qui ne se rappelle ni de son identité ni de la façon dont elle est arrivée au Botswana. Parallèlement Mma Makutsi, en businesswoman avertie, lance une nouvelle entreprise à son compte : le Café de Luxe pour messieurs élégants. Mais le tableau est terni par un chef colérique, un serveur alcoolique et bien pire encore. Heureusement, Mma Ramotswe, est là pour la secourir…
Humour et saveurs africaines assurés !
Le café de luxe pour beaux messieurs – Alexander McCall Smith
Éditions 10-18
7,80 €
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Tous nos noms
Isaac est un jeune Africain révolutionnaire qui fuit la guerre civile en Ouganda pour s’exiler dans l’Amérique post-raciale des années 1970. Il est accueilli par Helen, une assistante sociale originaire du Midwest, qui le prend rapidement sous son aile et tombe amoureuse de lui. Mais cette relation est troublée par les secrets du passé d’Isaac (l’abandon de son ami le plus cher, ses combats inachevés, ses actes commis au nom d’une idéologie) jusqu’à son vrai nom. Helen, voit ses préjugés et aprioris anéantis et tente de s’élever contre les inégalités raciales qui persistent dans sa propre communauté… Du portrait d’un continent déchiré à la solitude du Midwest, dans une Amérique déchirée entre la guerre du Vietnam et la lutte pour les droits civiques, l’auteur saisit les paradoxes de l’Histoire et de l’identité avec une puissance et une intelligence hors du commun. L’écriture intimiste et mélancolique de Dinaw Mengestu, saisit les paradoxes de l’Histoire et de la nature humaine avec force et intelligence. À travers cette histoire d’émigration et d’identité universelle très émouvante, mais d’une grande générosité d’âme, l’auteur pousse une analyse de la diaspora africaine ainsi que son exploration de l’exil et du déracinement.
Évènement littéraire aux États-Unis, l’ouvrage est classé parmi les dix meilleurs romans de l’année par le New York Times et a été couronné du prix littéraire du festival de cinéma américain de Deauville 2015.
Tous nos noms – Dinaw Mengestu
Editions Albin Michel
Prix : 14.99 €
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L’esclavage raconté à ma fille
Traite et exploitation d’êtres humains, colonisation, luttes pour la liberté, réflexion sur la notion de crime contre l’humanité : une mère engagée répond aux nombreuses questions de sa fille. Telle est la manière dont la députée, instigatrice de la proposition de loi visant à reconnaitre la traite négrière et l’esclavage comme un crime contre l’humanité en France, a couché par écrit la genèse et histoire du système de l’esclavage qui a perduré en la France durant plus de 2 siècles et y a laissé des séquelles jusqu’à aujourd’hui. L’objectif est de faire comprendre comment et pourquoi ce premier système économique mondial est à la base du racisme ordinaire et de préjugés, dont beaucoup perdurent encore. C’est pour éviter des réactions et sentiments de rage et de haine aux nouvelles générations qui le découvriraient maladroitement, qu’elle a publié en 2002 ce livre dont une version remaniée est ressortie cette année. Cet ouvrage qui n’est ni dans l’accusation ni dans la repentance aide donc les plus jeunes à apprendre, à connaître et à respecter ce pan de l’histoire de France forgé dans la souffrance. Un livre pédagogique qui rétablit les valeurs de vérité, justice et fraternité. Aussi passionnant que nécessaire !
L‘esclavage raconté à ma fille
Christiane Taubira,
Éditions Philippe Rey
16 €
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