L’association des cuisinières de la Guadeloupe est née de la solidarité de plusieurs employées de maison (bònn a madanm), suite aux difficultés financières d’une des leurs pour organiser des funérailles décentes à son mari. Elles créent le 14 juillet 1916, la « Société de secours mutuel des cuisinières », place Camille-des-Moulins, à Pointe-à-Pitre.
Soutenue par quelques notables, l’association regroupait des femmes de maison aux talents culinaires renommés. Elle a pris par la suite le nom qu’on lui connaît aujourd’hui.
Chaque année, l’association des cuisinières organise à Pointe-à-Pitre une fête en l’honneur de Saint-Laurent, saint patron des cuisinières, le samedi le plus proche du 10 août, date de son anniversaire. Diacre né vers 220 en Espagne, il fut brûlé sur un grill parce qu’il refusait de céder les biens de l’église à l’État.
Ce samedi-là, les cuisinières sortent leurs plus beaux habits traditionnels : coiffes et madras, robes, jupons brodés, bijoux créoles, et portent un tablier brodé aux initiales du saint patron avec en son centre l’emblème du gril de Saint-Laurent.
Elles assistent à la traditionnelle messe à l’église pendant laquelle elles font bénir leurs paniers remplis de fleurs et fruits locaux, d’ustensiles de cuisine et de spécialités culinaires : crabes farcis, d’écrevisses, boudins créoles, acras de morue, colombo, chodo…
Elles défilent ensuite dans les rues de Pointe-à-Pitre, paniers au bras ou sur la tête en dansant et chantant le traditionnel « Ouvè la Ronde », les doyennes en tête de file suivies des plus jeunes.
Les cloches ont remplacé les « tap tap », instruments d’appel des gens de maison antan lontan pour annoncer et saluer l’arrivée du cortège. Elles sont aussi utilisées pour rappeler à l’ordre et signaler les comportements jugés trop ou pas assez osés. Les cuisinières invitent ensuite tout un chacun à partager un grand banquet et à un bal.
L’association compte plus de 200 membres âgés de 18 à 97 ans. Même si les femmes sont majoritaires des hommes sont aussi inscrits. Les adhérentes sont souvent accompagnées de leurs enfants ou petits-enfants, appelés « petites demoiselles ou « petits commissaires ».
Chaque année, elle est sollicitée pour participer à des manifestations locales, dans l’Hexagone et à l’étranger, valorisant ainsi le patrimoine guadeloupéen. Pour ses 100 ans, en 2016, une réunion des cuisinières de Guadeloupe, Martinique et de Guyane a été organisée.
Souhaitons encore 100 ans d’existence à cette association gourmande qui veille à la conservation de son histoire, ses traditions et aussi à bien remplir nos estomacs !
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