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Stérilisation forcée des femmes noires aux Etats-Unis. Un génocide qui n’en porte pas le nom !

Rédigé par Christ-Laur Phillips

11.03.2022

 « Pour les Noirs, les stérilisations eugéniques ont été autorisées et administrées dans le but de réduire leur nombre dans la population future, c’est ce qu’on appelle un génocide« . Ces mots sont ceux de Rhonda V. Sharpe, Gregory N. Price et William Darity Jr, auteurs d’une étude sur plus de 2163 cas de stérilisations forcées appliquées à des personnes jugées « faibles d’esprit » eux Etats-Unis.

En Caroline du Nord, de 1929 à 1974, un conseil officiel de l’eugénisme créé par l’Etat encourageait la stérilisation de personnes « faibles d’esprit » dans l’optique de les empêcher de se reproduire… Dans le but de servir « l’intérêt public ».

Et si certaines femmes avaient recours volontairement à ces opérations car elles ne disposaient pas de moyens de contraception (elles devaient alors se déclarer mères inaptes), la grande majorité de ces interventions a été réalisée sous la contrainte, y compris sur des enfants n’ayant aucune conscience des conséquences de ces actes dans le futur.

Un génocide encadré par la loi

L’étude menée en 2018 a mis en lumière que la population noire étaient particulièrement visée et que les travailleurs sociaux étaient complices de ces exactions. Rhonda V. Sharpe, une des chercheurs de cette étude et présidente du Women’s Institute for Science, Equity and Race a ainsi déclaré : « Ce que notre rapport démontre, c’est comment l’interprétation des travailleurs sociaux du comté, qui peuvent être considérés comme racistes et sexistes, a dévalorisé le droit des Noirs pauvres à se reproduire. »

Fondé en 1933, ce conseil de l’eugénisme de Caroline du Nord avait le pouvoir, par le biais de ses travailleurs sociaux, de désigner qui était « faible d’esprit » et donc méritait de subir cette opération. Les auteurs de l’étude expliquent que, si la proportion de Noirs touchés par ces opérations était aussi importante, c’est que le but était de viser une population que cet ancien État confédéré jugeait « génétiquement inapte et improductive ».

L’heure des réparations

Dans les années 1970, une femme noire, Elaine Riddick, a découvert, alors qu’elle essayait de concevoir un enfant, que l’opération qu’elle avait subie était irréversible, ce que personne ne lui avait dit à l’époque. Comme elle, des milliers de personnes, parfois même des enfants ont pâti de ces mensonges par omission des travailleurs sociaux du conseil de l’eugénisme.

Elle a ainsi décidé de se battre pour obtenir justice et créé l’association avec Rebecca Project for Justice, afin lutter pour« la protection de la vie, de la dignité et de la liberté des personnes en Afrique et aux États-Unis ».

En 2013, grâce à son acharnement, la Caroline du Nord est devenue le premier État à légiférer pour indemniser les victimes de ces crimes. Malheureusement, si toutes ne pourront pas l’être, certains travailleurs sociaux ayant oeuvré sans jamais en informer le conseil officiel, par pur sadisme et racisme…

Portrait de Christ-Laur PHILLIPS, journaliste de BLAKES
Christ-Laur Phillips

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