Phyllisia Ross est fière de ses origines. Née aux Etats-Unis d’un père américain et d’une mère haïtienne, l’interprète de Can’t Resist est très attachée à la culture dans laquelle elle a baigné toute son enfance.
De passage à Paris, elle nous a livré une interview où elle parle avec ferveur de son Ayiti chéri.
Blakes : Tu es à moitié haïtienne. Comment cette culture et cet héritage ont façonné ta personnalité et ta musique ?
Phyllisia Ross : Dans tout ce que je , on voit une étincelle de mon éducation haïtienne. J’ai été élevée par un clan de femmes haïtiennes très fortes qui m’ont appris la réalité du monde, la pauvreté, la fierté, la classe, la musique, la culture, la nourriture, le langage, tout. J’essaie via mon travail de donner une image positive de la femme haïtienne et américaine. Je suis reconnaissante envers ma mère qui m’a poussée à être proche de cette culture.
B : Tu prévois des chansons en créole haïtien ?
P : Oui, bien sûr. Je prépare différents genres musicaux. Je ne me limite pas à un style, mais le combo piano/ voix sera la base. Il faut vous attendre à un mélange de langues, à du créole et même du français avec un peu de chance.
B : Tu ne parles pas le français couramment ?
P : Non, mais j’ai fait de gros progrès. J’apprends le français en faisant de la musique en France. A la fin j’espère pouvoir le parler. Un jour.
B : Est-ce que tu vas souvent en Haïti ? Quel est ton endroit préféré là-bas ? Tu te sens connectée à ce pays ?
P : Oui, comme tous les Haïtiens-Américains ou les membres de la diaspora. Qu’on y aille ou pas, on a une connexion. J’ai été élevée par des femmes haïtiennes, chaque soir en rentrant de l’école je mangeais des plats de diri kolé, de légumes, du poulet, j’ai été élevé comme en Haïti. Mon éducation, la manière de me gronder à l’haïtienne. J’ai toujours eu ce lien avec ma culture.
Concernant mes lieux préférés, j’adore aller à la côte des Arcadins, à la plage, voir les montagnes. Manger du lambi fraîchement pêché, c’est ce que j’aime le plus au monde. Ça m’inspire beaucoup d’être là-bas et de penser à l’histoire, la traite d’esclave, leur rébellion, leur lutte avec les Français, etc.
La dernière fois que je suis allée en Haïti c’était en décembre 2016 pour un spectacle à El Rancho [l’hôtel de luxe NH Haïti El Rancho de Petionville, ndlr] et c’était super. J’aimerais y aller plus souvent, mais à chaque fois que j’y vais j’en garde toujours un bon souvenir. J’aimerais faire le lien entre les gens de là-bas et la diaspora, perpétuer la culture.
B : En tant qu’artiste, tu sens que tu as le devoir de présenter Haïti sous un aspect différent que celui de la pauvreté et des problèmes politiques ?
P : Totalement. Et ce depuis que je suis jeune, je me sens comme un porte-drapeau. Oui il y a la pauvreté, mais il y a aussi des gens fiers, tenaces, forts, classes. Et je veux représenter ça. Et je peux remercier ma mère qui a suivi ses rêves et m’a donné cette force. Elle s’est créé une autre destinée et bien que née en Haïti, elle a défié les probabilités pour avoir une vie meilleure. Je ne fais que suivre ses traces. Je n’ai pas eu le choix. Mon père est mort quand j’avais 10 ans et j’ai été élevé par ce clan haïtien, avec ses racines et sa fierté.
B : Il y a-t-il des artistes haïtiens que tu apprécies ou avec qui tu aimerais travailler ?
P : Je ne m’arrête pas au fait d’aimer ou pas un artiste. J’essaie de voir la vibe que l’on partage. Je suis ouverte à toute collaboration du moment qu’il se passe un truc, qu’il y a un feeling. La qualité passe avant tout.
Et on serait plus que ravis de voir une collaboration entre Phyllisia Ross et un artiste made in Haïti.
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