Née en 1761 Dido Elizabeth Belle est la fille naturelle d’un amiral anglais et d’une esclave noire. John Lindsay commandait la frégate HMS Trent et interceptait dans la mer des Antilles des navires français et hollandais chargés de café, sucre ou d’êtres humains. Il aurait rencontré Maria Belle (ou Belle) en la délivrant d’un négrier espagnol et lui a fait un enfant.
Âgé de 24 ans il ramena en 1764 la mère et sa petite fille de 3 ans à peine en Angleterre et demanda à sa famille de prendre soin de ces dernières. Leur relation dura jusqu’en 1768 où il épousa la fille d’un député Mary Milner, mais tout en garantissant sa liberté et continuant de prendre soin d’elle.
Une enfance privilégiée
Dido Belle ( nom de sa mère) grandit chez l’oncle de son père William Murray, premier comte de Mansfield, et sa femme qui n’ont pas d’enfants. On peut penser que le métissage est un phénomène moderne, mais Il y avait à cette époque à Londres près de 10,000 Noirs et beaucoup de nés de parents mixtes. Mais Dido est privilégiée: elle est baptisée, a une éducation, porte de belles tenues, avait un lit à baldaquin drapé de chintz (tissu d’ameublement de très haute qualité), des meubles en acajou, des remèdes coûteux quand elle était malade. Elle est considérée comme faisant partie de la famille. Le couple est conscient de la colère que cause dans l’aristocratie anglaise la présence de l’enfant dans leur maison sans que cela ne les empêche de lui donner un statut très particulier pour l’époque.
Un statut particulier
Dido vit dans la propriété familiale dans le Hampstead, dans le nord de Londres avec Elizabeth Murray une autre petite nièce pratiquement du même âge, fille de l’héritier des familles Stomont d’Écosse et Murray, dont la mère est morte en 1766.
Les comptes de la propriété révèlent que Dido était presque sur un pied d’égalité avec Elizabeth. Elle avait la responsabilité de la laiterie et de la basse-cour et était la secrétaire de son grand-oncle pour une annuité de 30 livres ( 2 fois plus que le salaire annuel du premier cocher, mais beaucoup moins que sa cousine qui recevait 100 livres). Il avait beaucoup d’affection pour elle et lui demandait souvent conseil. Mais lorsqu’il y avait des invités de marque, elle n’était pas présente aux dîners, n’arrivant que pour le café.
Son héritage
A sa mort en 1788, son père lui laissa 1 000 livres et en 1793, à sa mort à 87 ans, Lord Mansfield 500 livres ainsi qu’une pension annuelle de 100 livres, confirmant officiellement son état de femme libre. 5 mois après, elle épousa John Davinier, un intendant, fils du révérend de Hampstead. Elle donne en 1795 naissance à des jumeaux et en 1800 à un troisième garçon dont l’un rejoignit la compagnie des Indes orientales. Dido Belle meurt en 1804 âgée de 41 ans.
Découvrez l’héritage de Dido dans un prochain article à paraître sur Blake’s.
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