De nos jours, il n’est pas rare de croiser des couples mixtes, à savoir un couple où les deux personnes sont d’origines différentes. Généralement, on pense à un blanc et une noire ou inversement. Aux Antilles-Guyane, on voit parfois des noirs avec des des Indiens, des noirs avec des Brésiliens, des Surinamiens ou plus rarement des noirs et des asiatiques. Mais si ces unions reposent avant tout sur l’amour et le partage, les couples mixtes ont encore et toujours de longs combats à mener. Et se lancer dans une relation mixte relève parfois du parcours du combattant. Zoom sur les clichés et difficultés des couples mixtes.
« Quand est-ce que vous nous faites un petit métis ? » et autres questions bêtes posées aux couples mixtes
Le couple mixte représente un certain exotisme et génère de nombreux fantasmes. Tant au sein de la population que parmi les proches du couple qui se posent 1001 questions de la plus bête à la plus indiscrète. Si vous êtes un blanc en couple avec une noire ou l’inverse, vous avez certainement eu droit à ça. « Est-ce que les Noirs sont tous gâtés par la nature ? « , « Est-ce que c’est mieux avec une fille noire ? « , « Est-ce qu’il ou elle danse bien ? », « Il ou elle te force à écouter du zouk toute la journée ? « , « Est-ce qu’il est volage ? », « Est-ce qu’il travaille ? » . Bref, les clichés ont de beaux jours devant eux.
Mais parmi les questions que les couples mixtes aimeraient sans doute ne plus entendre, il y a la question du fameux « bébé métis ». « Alors c’est pour quand le petit métis », « quand est-ce que vous nous faites un petit Obama », « votre bébé sera magnifique, car métis ». On a tout entendu de la part de ceux qui attendent de vous que vous fassiez un bébé à tout prix. Comment leur dire que votre vie sexuelle est un terrain privé et que votre envie ou non de faire un enfant ne regarde que vous ? Et surtout, que votre bébé, avant d’être métis, vert ou bleu, sera avant tout le fruit de votre amour.
Mettons les points sur les « i ». D’une, se reproduire n’est pas une obligation, ni une compétition. De deux, l’enfant né d’un parent blanc et d’un parent noir n’est ni plus laid ni plus beau qu’un autre et de trois, arrêtons de définir ledit enfant par le terme métis, qui n’est autre qu’un mot employé pour désigner dans le règne animal le croisement entre deux animaux de races différentes. Dans le langage courant « métis » désigne un enfant né de parents de deux ethnies différentes.
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L’enfer, c’est la belle-mère
D’un côté comme de l’autre, et aussi bien dans les couples non mixtes, la belle-mère peut souvent vous faire vivre un enfer. Avec ses remarques sur votre femme « noire mais belle quand même », sur ses formes trop prononcées ou ses manières d’Antillaise, elle ne donne pas à sa belle-fille « de couleur », le sentiment qu’elle est la bienvenue dans la famille. Et chez elle, la femme Antillaise doit expliquer à sa mère que « oui, elle aurait pu choisir un mec de chez nous » mais que non, elle ne changera pas juste pour lui faire plaisir. Même en 2016, il est parfois difficile de faire accepter son choix et d’expliquer qu’on est assez grand pour savoir ce qui est bon ou pas pour soi.
Racisme ordinaire, ça marche dans les deux sens
Combien de fois avez-vous croisé un couple mixte dans la rue où la femme vous dévisage avec mépris ? Ou un couple mixte ou l’homme vous fixe avec envie pour vous comparer à sa conquête du moment ? Et combien de critiques ou d’éloges avez-vous entendus sur les prétendues vertus du blanc et défauts du noir ? Plus attentionné, plus respectueux, plus éduqué, plus riche, l’homme blanc serait une affaire, selon certaines femmes noires. En plus de dénigrer leurs frères, ces femmes se fixent comme objectif de vie de se dénicher un blanc afin d’assurer leurs arrières. Entre haine de soi et désillusions, certaines femmes n’aident pas la cause et nuisent à la réputation de la femme caribéenne. Et inversement, les fantasmes de certains hommes vis-à-vis de la femme noire les poussent à des comportement douteux.
Difficile de se balader en Guadeloupe par exemple au bras d’un blanc sans parfois se faire dévisager, voire même insulter. Vendue, traînée, la femme noire qui sort avec un blanc est souvent perçue par ses propres compatriotes comme une femme vénale et/ou de mauvaise vie. Dur ! Certaines communautés comme les syro-libanais de Guadeloupe ou de Guyane refusent de se mêler aux locaux. Gare à ceux et celles d’entre eux qui auraient le malheur de fricoter avec un(e) noir(e). Idem pour les Asiatiques de Guyane, les békés de Martinique et les Indiens de Guadeloupe qui voient encore d’un mauvais oeil les mélanges.
En métropole, si le métissage ne semble plus être un problème, la question de la religion est parfois un frein à certaines unions. Également, si certaines familles aiment à passer leurs vacances aux Antilles ou dans d’autres contrées exotiques, leur réaction est tout autre quand leur fils ou leur fille leur présente Jean-Marc le Guadeloupéen, Vanessa la Martiniquaise voire Mamadou le Sénégalais.
Et chez certains Antillais, on préfère aussi l’entre-soi. En clair, le racisme marche dans les deux sens et l’ouverture d’esprit se fait parfois une denrée rare quand il est question de couples mixtes. Si le racisme quel qu’il soit est inacceptable, il fait d’autant plus mal quand des compatriotes se tirent dans les pattes, se jugent et se montrent du doigt les uns les autres.
Couples mixtes, l’amour comme réponse aux imbéciles
Quoi de mieux pour clouer le bec aux ignorants de tout bord, aux proches et aux rageux, que de former un couple solide et uni. De répondre aux critiques et aux injures avec intelligence ou de tout bonnement les ignorer. Et si on arrêtait tout simplement d’essayer de mettre les gens dans des cases ? Aux dernières nouvelles, chaque couple est un couple mixte, puisque composé de deux entités différentes, deux personnalités et individus à part entière. Qu’il soit gay, hétéro, lesbien ou « mixte », chaque couple est différent et à le droit de vivre en paix dans l’amour et le respect. Ce sont bien les deux qualités à privilégier au sein du couple et tant pis pour les « on dit » ou le « qu’en dira-t-on » !
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Tout cela est vrai et je le partage mais à condition que le métissage ne deviennent pas la règle. Or, dans certains départements, et notamment la Guyane, le métissage est devenu la règle pour être bien vu, et évolué socialement. C’est justement le couple noir-noir qui est anormal ! Quelle honte ! Comment peut-on oser demander à un noir pourquoi il a choisi une femme noire et pas une femme blanche?! C’est une honte aussi de voir les femmes noires devenir hautaines dans les bras de leur compagnon, dans les espaces publics !
Le métissage oui, mais qu’il ne soit pas imposé aux consciences et à notre mode de vie.