Découvrez la deuxième partie de notre rencontre avec Naïsiwon El Aniou…
BLAKE’S : Comment avez-vous fait le choix parmi les titres de Billie ?
Naïsiwon El Aniou : Ça n’a pas été facile de choisir ni de couper les chansons, car il a fallu faire un montage sonore pour certains formats exigés par des théâtres. Strange Fruits s’est imposé parce que c’est l’incontournable et c’est une chanson qu’elle a portée. Ce n’est pas elle qui a écrit le texte (c’est un poème à la base), mais elle l’a fait éclore, l’a chanté en public, comme un coup de poing dans la face de l’Amérique blanche. C’était un acte militant, qui à l’époque passait par la musique, et risqué aussi pour elle.
Il y a Sunny Side Of The street qui fait partie des chansons déclics et clôt le spectacle. Don’t Explain et God Bless The Child que j’ai gardée, car elle en l’est l’auteur et être une femme noire auteure à cette époque-là était très rare.
Il y a aussi des chansons qui ne sont pas forcément entendues, mais traduites, que j’ai choisi de « parler » pour donner plus de résonances aux textes de Billie. Le choix des chansons a été guidé par la nécessité de la montrer comme une femme qui a écrit des mots qui nous restent maintenant.
BLAKE’S : Comment est-ce que l’on danse sur du Billie Holiday ? Où trouve-t-on les pas ?
Naïsiwon El Aniou : Je me suis inspirée de l’Américaine Katherine Dunham qui a développé une danse afro-américaine à partir d’impulsions de mouvements qu’elle allait chercher elle seule en studio ainsi que dans les inspirations africaines, tout en traversant la danse jazz. J’ai intégré des pas de danse de cabarets de l’époque-là : le swing, les claquettes… Je voulais que la danse me mette au niveau, autant que je pouvais, de la musique de Billie.
Je viens de la danse contemporaine, mais j’ai pratiqué les danses africaines, les claquettes, la danse orientale, le flamenco… J’ai donc pioché dedans. J’ai cherché aussi dans la structure des textes, les états de corps de certaines situations, comme l’ivresse de Billie. Et il reste aussi une part d’improvisation, en fonction de l’instant, de la musique, de la voix de Billie…
BLAKE’S : Votre pièce est inspirée de la vie de Billie Holiday à quel pourcentage ?
Naïsiwon El Aniou : Pour tout ce qui est des mots et des dialogues, c’est tel que Billie nous les aurait donnés elle. Après, à la lecture de différents écrits on se demande pourquoi elle a dit ça comme ça… Au niveau des faits je n’ai pris aucune liberté par rapport à ce qu’elle a vécu. Par contre, parce que je suis une artiste contemporaine, on peut dire que j’ai pris des libertés dans le kit d’images : le décor, les costumes et les accessoires sont inspirés de l’époque de Billie, mais sans être une reconstitution historique. C’est une libre adaptation, et j’ai vraiment voulu parler de Billie, puis j’ai imaginé la rencontre sur scène d’une actrice avec Billie. J’ai pris la liberté de danser aussi (rires). Quelqu’un m’a dit un jour : » Vous avez fait danser Billie ! »
A découvrir absolument jusqu’au 26 novembre.
Billie Holiday Sunny Side
– A la folie Théâtre — 6 rue de la Folie Méricourt 75011 Paris
Les vendredis et samedis à 19 h 30
— En Guyane du 29 mai au 8 juin au village marron et scène conventionnée de Macouria
Plus d’informations : www.sunnyside-billeholiday.com
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