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Interview Barack Adama : "Je veux que ma musique se propage et que les gens kiffent"

Rédigé par

2.02.2017

Barack Adama, membre de la Sexion d’Assaut, se la joue solo avec sa mixtape intitulée La propagande Saison 1, qui n’est qu’un avant-goût d’un album très attendu.
On a rendu visite à Barack Adama pour une interview où il nous a parlé de ses projets musicaux, son expérience en solo et sa vision des choses. C’est parti !

Blakes : Barack Adama on te retrouve seul alors qu’on t’a connu avec Sexion d’Assaut. Sur le titre H24 tu revendiques d’ailleurs le fait d’y arriver par toi-même et de beaucoup bosser en studio. Pour toi, être tout seul c’est un plus ou un moins ?

Barack Adama : Un peu des deux. Actuellement c’est un plus parce que je peux plus m’exprimer. Je kiffe plus ce que je fais.

Blakes : Comment ça ?

Barack Adama : Je m’épanouis plus artistiquement parce que je peux tenter plus de choses, j’ai plus de place.

B : Tu veux dire qu’il y a des choses que tu ne faisais pas ou ne disais pas au sein d’un groupe très médiatisé comme Sexion d’Assaut ?

B. A : Nan, ça n’a rien à voir.

B : Vous étiez trop ?

B.A : Voilà (rires). Tu peux pas tout faire. Parfois t’aimerais faire le refrain, des fois t’as envie de faire ceci ou cela, tu préfères ceci et aime moins cela. Pour le côté négatif,  je dirais que c’est moins joyeux qu’un groupe. Car Sexion d’Assaut c’est une cour de récré !

B : Ta mixtape s’appelle La Propagande Saison 1. Il y a une saison 2 ?

B.A : Oui, 3 saisons.

B : On est en période électorale, donc la « propagande » ça nous parle. Tu trouves qu’il y a trop de beaux parleurs, que les gens parlent trop ? Quel message essaies-tu de faire passer ?

B.A : Il n’y a pas de message politique, j’essaie juste de propager ma musique. C’est ma période électorale à moi avant d’arriver à mon album qui s’appellera la Black House.

B : Il sort quand ?

B.A : Il sortira après le 3e volet, on décidera de la date de sortie à ce moment-là.

B : Et pour les novices peux-tu nous expliquer la différence entre mixtape et album ? Car ta mixtape contient quand même 16 titres.

B.A : Un mixtape n’a pas forcément moins de titres qu’un album. Un EP a peu de titres, mais tu peux trouver une mixtape avec 32 titres. La mixtape je la vois comme une cour de récréation où tu peux faire ce que tu veux, y’a pas de direction. Alors qu’un album à une direction précise, y’a un univers.

B : Tu dis ne pas faire de politique, mais ton nom de scène s’inspire d’un président, ta mixtape s’appelle La Propagande et on y trouve plusieurs références à des chaînes d’info. Tu as peur des médias, tu te méfies ?

B.A : Je ne suis pas super fan des médias. Mais quand je dis que je ne suis pas politique, ça ne veut pas dire que je n’ai pas d’avis. Le personnage Barack Adama est un personnage apolitique, mais Adama Diallo a des convictions et des idées.
Ensuite, en tant qu’artiste, on sait bien qu’un média reste commercial, son intérêt est de vendre du papier ou du clic. Pour moi, les médias cherchent le buzz, pas forcément la vérité.

B : Est-ce que c’est ce qui justifie ta pause médiatique de ces dernières années ?

B.A : Non pas du tout.

B : Qu’as-tu fait pendant ce temps ?

B.A : J’ai réalisé les albums de tous mes gars. J’ai donc réalisé ou aidé à réaliser, écrit ou co-écrit. J’étais dans l’ombre de mes gars.

B : Ils te renvoient l’ascenseur, car tu as beaucoup de featuring sur ta mixtape avec des gars de Sexion d’Assaut. [On retrouve Petrodollars, JR O Chrome ou encore Lefa, ndlr]. Il y aussi la MZ qui vient de se séparer… Est-ce que pour toi ça devient compliquer de faire de la musique en groupe ?

B.A : C’est pas compliqué, mais plus on vieillit plus on a des envies individuelles. Par exemple certains se marient, on des vies de famille, construisent un cocon, donc ils sont dans un autre monde, ont d’autres responsabilités. Ça ne correspondra pas tout le temps au monde de ton pote, tu auras parfois envie d’être seul. C’est possible de durer, mais les groupes qui durent longtemps sont ceux qui laissent place aux solos, comme IAM par exemple. Ils évoluent tous en solo, mais savent se retrouver.

B : Un retour de Sexion d’Assaut n’est donc pas exclu ?

B.A : Bien sûr. Mais on a besoin de s’épanouir chacun séparément, c’est très important pour nous.

B : Tu évoques plusieurs thèmes sur ta mixtape dont les relations de couple [Sur le titre Tous des acteurs par exemple, ndlr]. Tu es d’ailleurs très soft. Que penses-tu d’artistes comme Kaaris qui a sorti le titre Tchoin par exemple ?

B. A : Ça me fait rire. Ça me choque pas parce que c’est Kaaris. Il reste sur la même ligne, il est fidèle à lui-même. On sait à quoi s’attendre avec lui. Ça reste de la musique, il y a de tout.

B : Mais toi c’est pas ton créneau.

B.A : Non, moi je ne vais pas dire « tchoin » ou des trucs comme ça. Mais je kiffe le morceau Tchoin, je le trouve lourd. Même musicalement il est lourd, l’instru, sa façon de poser.

B : Tu as d’autres titres sur la vie de couple comme Pourquoi attendre, Zoner.

B.A : Oui ces titres parlent de quelqu’un qu’on ne peut pas enfermer, qui vit la nuit, pas la journée.

B : Ça a été ta vie ?

B.A : Oui à un moment donné.

B : Et maintenant tu es devenu un romantique…

B.A : Non, pas un romantique. Je suis un père de famille tout simplement.

B : Sur ta mixtape tu parles aussi de la galère, de la volonté de réussite. Tu penses avoir une responsabilité dans la musique ?

B.A : Je ne m’estime pas responsable dans la musique, mais je fais attention à ce que je dis. Il y a des petits qui nous écoutent, mais je  me considère comme un « divertisseur ». La musique c’est du divertissement, pas de la politique, pas de la religion.

B : Tu as la gnac et la volonté de réussir, on sent d’ailleurs une certaine entraide entre les membres de Sexion d’Assaut. Même en solo, vous vous faites participer les uns les autres. Tu en penses quoi ?

B.A : Oui il y a de l’entraide et la volonté d’aller toujours plus haut. Il y a des gens plus ambitieux que d’autres. Il y a qui visent d’être toujours n°1, d’autres qui veulent juste être là. Moi bien sûr que j’aimerais être n°1 mais je ne me bats pas pour ça. Je veux que ma musique se propage et que les gens kiffent ma musique.

B : Tu as donc une tournée de prévue pour la propager ?

B.A : Pour l’instant je sors la mixtape et après on verra. Mais je kifferais être sur scène et aller à la rencontre du public bien sûr.

B : Ta stratégie de balancer des sons avec des mixtapes et beaucoup de clips et ensuite de partir en tournée fait penser aux Américains. C’est fait exprès ?

B.A : Non, l’idée c’est de donner de la musique et aujourd’hui la musique elle se regarde. Donc je donne des clips. Il y en a 6.

B : Tu participes aux idées des clips, à la réalisation ?

B.A : 0ui, ça dépend. J’ai participé à toutes les idées de clips à part Allumé et Harvard. Ce sont les deux seuls titres où je me suis laissé faire. Et encore, j’ai été pointilleux sur le montage.

B : En parlant du titre Harvard, pourquoi tu disque toi tu n’as pas fait de grandes écoles et que tu es comme tu es ?

B.A : En France on a tendance à juger les gens par rapport à leur manière de parler, d’écrire… On peut vite te traiter de « tebê » à cause des fautes d’orthographe alors que ce n’est pas parce qu’on fait des fautes ou qu’on ne parle pas de manière éloquente que ça fait de lui un « tebê ». Y’a des gens qui n’aiment pas l’école, mais qui sont très intelligents. C’est au travers de ma musique qu’on va vraiment voir mes idées et qui je suis.

B : Tu trouves qu’on a une mauvaise image des rappeurs et du rap ?

B.A : Ben oui ! On imite les rappeurs avec des « yo », des accents bizarres, on prend les rappeurs pour des « tebê ». Pourtant les rappeurs sont des entrepreneurs de ouf, ils sont en indépendant pour la plupart, on est la musique la plus écoutée en France. Il faudra faire avec nous.

B : C’est vrai qu’on retrouve des Booba ou Jul en tête des charts. comment te positionnes-tu face à des machines de guerre comme ça ?

B.A : Moi je suis dans ma bulle. Je suis content pour eux, ça me fait plaisir. Plus il y a des rappeurs qui marchent et mieux c’est pour nous. Ça signifie que l’industrie du dis que va encore s’ouvrir, les gens vont être encore plus demandeurs, à nous de répondre à leurs attentes.
Mais pour ma part je suis dans ma bulle. Je ne suis pas encore entrée dans la course, j’y entrerais quand je sortirais mon premier album. En attendant on va chercher le public où il est.

B : Et t’aimerais te tourner dans la production comme Maître Gims ?

B.A : Non. Pas du tout. C’est un métier et j’ai pas envie de m’éparpiller. Je fais chose par chose.

B : En revanche tu écris pour d’autres artistes.

B.A : Oui, j’écris pour d’autres artistes, mais tant qu’ils n’en parlent pas je préfère rien dire.

B : Donc tu es ghost writer jusqu’au bout…

B.A : Oui. Ceux qui le disent le disent. Ceux qui ne veulent pas c’est leur droit et je ne le ferais pas à leur place.

B : Tu as écrit pour d’autres des chansons vraiment connues, connues ?

B.A : Ah tu cherches le buzz ! Sur ma route de Black M,comme il l’a dit sur Skyrock, on l’a écrite ensemble. J’me tire de Gims, Vitaa, le morceau T’es où ?

B : Et tu ne te dis pas que tu aurais dû les garder pour toi ?

B.A : Pas du tout, car quand j’écris je me suis mis dans leur peau, dans leur monde.

B : Avec tout ce que tu nous prépares on peut dire que 2017 est ton année ?

B.A : J’espère.

B : C’est tout ce qu’on te souhaite !

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