« Le gang des Antillais » est basé sur une histoire vraie. Comment l’as-tu connu ?
J’étais dans l’écriture de mon film Neg Maron, quand j’ai reçu un coup de fil de 2 amis, Kenzy du secteur Ä et Olivier Laouchez qui montaient la chaîne Trace tv. Ils m’ont demandé si je connaissais cette histoire car ils cherchaient un réalisateur pour ce projet-là. Vu que ce n’était pas le cas, ils m’ont envoyé le livre et j’en suis tombé fou ! Quand j’ai rencontré l’auteur je me suis dit que c’était un projet formidable, mais vu que j’étais déjà dans la réalisation d’un premier long métrage on a reporté à plus tard… Quand j’ai commencé à écrire sur ce long métrage et que j’ai recontacté l’auteur, on a décidé de travailler étroitement ensemble au scénario…
Qu’est-ce qui t’a plu ? Quand as-tu décidé de faire un film dessus ? Dans l’histoire antillaise nous avons des personnages héroïques et puissants, puis des personnages d’engagement littéraire, je pense à Césaire, Fanon, Glissant, mais on a très peu de personnages contemporains. Et je trouvais que le parcours de ce jeune homme qui à 20 ans arrive en France et prend ce virage à 90° avec ce côté anti-héros, était très intéressant à exploiter !
Même si ton film est une libre adaptation du livre autobiographique de Loïc Léry, as-tu essayé de rester fidèle à l’histoire d’origine ? J’ai, dans le film, raconté tout ce qui se passe dans le livre et tout ce qui n’y a pas aussi. C’est-à-dire que tout ce qui était à l’époque trop dur, trop sensible à expliquer, Léry me l’a confié pour que je puisse en parler dans le film. On est donc parti sur des choses inédites qu’il n’y a pas dans le livre. Pour moi il y a le film et ensuite il y a le livre ! Il y a une vraie complémentarité des 2 !
La sortie et le tournage de ton film font le buzz depuis des mois chez les Antillais…A ton avis, pourquoi une telle attente de la communauté ? Je pense que l’on a envie de tourner la page de la rue Case nègre. On a fait un bond, technologique, imaginaire, intellectuel pour nous représenter tel que nous sommes aujourd’hui. Les gens en ont marre de cette image exotique, des clichés… On n’est pas que ça ! La rue case nègre est représentatif une certaine époque. Notre cinéma n’est pas que ça, beaucoup de choses se sont passées.
La bande originale du film est aussi très étudiée. Tu as fait appel à des artistes connus de la communauté : Saik, Carimi, Gato da bato, KeroSn mais pas que. C’est un aspect important du film pour toi ? Pourquoi ne pas avoir fait le choix d’un BO plus 70, moins contemporaine ? Même si c’est un film qui parle des années 70, c’est un film très moderne, qui a cette énergie d’aujourd’hui, cette couleur qui fait que l’on peut se retrouver dedans. La musique est primordiale et le film colle complètement à cette BO qui a sa propre force et cette capacité de rassembler les Noirs.
Il y a même l’artiste américain Talib Kweli. Comment l’avez-vous convaincu de poser pour la BO du film ? C’est un artiste que j’apprécie depuis toujours ! Je trouve que c’est un des meilleurs rappeurs de sa génération, quelqu’un qui fait partie des rappeurs conscients. On lui a envoyé des extraits du scénario, on lui a parlé du film et il a répondu tout de suite OK ! Il se veut solidaire de notre démarche.
Après 5 ans de travail, tu arrives enfin au bout de ton projet. Quelles sont les prochaines étapes ? En général les distributeurs sont soit contents soit pas du tout contents ! Et le nôtre après la projection s’est levé et a applaudi ! Ce qui veut dire qu’ils y ont vu un film très fort ! Si le film peut être distribué entre 150 et 200 salles c’est déjà bien! Du coup on va donner envie aux gens de venir le voir et ce film va m’ouvrir des perspectives sur d’autres projets plus ambitieux !
En salle à partir du 15 octobre aux Antilles-Guyane en sortie nationale le 2 novembre
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