Lylah s’est fait connaître à la fin des années 2000 en tant que membre du groupe les Déesses. Le groupe se sépare après 2 albums et Lylah décide de voler de ses propres ailes. Elle sort son premier album Avec ou sans toi en 2009. En 2015, elle sort le single Mine et revient en 2017 avec de nouveaux projets. Elle se confie.
Blakes : Tu vas sortir bientôt un nouvel album 100% afrobeat. Le divorce est-il prononcé avec le zouk ?
Lylah : Non du tout, il n’est pas prononcé. Dans l »afro-beat », il y a plusieurs inspirations prises dans le zouk, le reggae, le dancehall en fait. Parce même les Nigérians s’inspirent de ces musiques et en font un mélange avec leur musique à eux. Donc c’est un beau et riche mélange et c’est-ce que j’ai envie de transmettre dans le prochain album.
B : Ferais-tu partie de ces personnes qui pensent que le zouk c’était mieux avant ?
L : Sincèrement, pour moi c’est vrai que le zouk était mieux avant dans le sens où les artistes que j’écoutais plus jeune qui étaient Edith Lefel, Tanya St-Val, par rapport à ce qui se fait aujourd’hui. On ne retrouve pas cette magie. Je ne sais pas comment on l’a perdu, mais c’est dommage…
B : Pourquoi le choix de la ville Londres pour ta prise de recul ? D’ailleurs pourquoi une prise de recul ? C’était nécessaire pour toi ?
L : A une période de ma carrière, j’ai connu des moments difficiles à cause d’histoires privées qui ont pris de l’ampleur et le pas sur mes projets professionnels. Il y avait aussi le fait que j’avais l’impression de tourner en rond dans le milieu zouk. J’aime ce que je fais, je ne regrette rien, mais artistiquement je n’avais plus cette envie d’aller en studio, de monter sur scène… Je ne retrouvais pas ça. En tant qu’amoureuse de la musique depuis très jeune, j’ai commencé très tôt, je me suis dit au bout de 10 ans de carrière quand même, il faut qu’au moins je garde ça, qu’au moins quand je vais en studio ou sur scène je sois contente. Et sur un coup de tête j’ai décidé de partir à Londres, j’ai pris mes affaires et ma fille.
B : Ta rencontre avec les beat–makers nigérians était providentielle, ou c’était déjà un de tes objectifs ? Explique-nous…
L : C’était quelque chose que j’envisageais, même si c’est vrai que mes objectifs premiers étaient de trouver un petit job, de parfaire mon anglais, refaire ma vie, et après il y avait bien sûr la musique, ça me suit ! J’étais logée chez un producteur ami d’un ami qui m’a dit : » Je veux voir ce que tu fais, je vais te présenter 2,3 personnes, tu vas en studio, on voit ce que ça donne et on y va« . Là-bas j’étais perçue presque comme une débutante et les gens me regardaient du genre « C’est qui elle ?« , « On ne sait pas ce qu’elle fait mais bon« …et quand j’ai vu au premier son que j’ai fait, qui était Mine, j’ai vu leur tête changer ! On a passé encore du temps en studio, on a fait d’autres titres et c’est de là que c’est parti ! J’étais super contente !
B : Et quand tu es allée au Nigeria, puisque ça t’a entrainée jusque là-bas, comment la jeune antillaise inconnue a-t-elle été accueillie ?
L : Oh Mon dieu! (rires!) Il faut savoir que je suis quelqu’un qui prend des risques et de me dire que j’allais chanter en anglais, je savais que mes fans, les gens qui me suivent depuis des années, n’allaient peut-être pas me suivre sur ça. Donc là, c’est comme si je recommençais à zéro et que je devais me refaire une fanbase en fait. Et je me suis dit que j’allais apporter mon côté francophone, mon côté caribéen, mon côté afro et essayer de donner quelque chose d’original.
Et c’est vrai que quand je suis arrivée au Nigéria, c’était comme à Londres : les gens ne me connaissent pas, mais j’accompagnais quand même une productrice nigériane réputée, donc on m’a quand même prise au sérieux. Mais c’est vrai que ça n’a pas été facile, car je ne chantais pas en anglais mais en pidjin qui est le patois nigérien ! Et même en studio, le rythme était différent, ils chantent différemment… c’était vraiment du boulot. Mais ça été une expérience artistique, une expérience humaine incroyable et ça m’a motivé à travailler sur THE PROJET !
B : As-tu trouvé des points communs avec ta culture antillaise ?
L : Par rapport aux gens, j’ai retrouvé cette joie de vivre, cette envie permanente de faire la fête. Aux Antilles on est comme ça aussi, on aime inviter des gens, organiser des soirées… De la gaité, vraiment!
B : Tu as travaillé et collaboré avec des personnalités locales, comme Lola Rae, Vanessa Mdee chanteuse tanzanienne présentatrice star de MTV. Tu as donc réussi à faire ton trou ?
L : C’est vrai qu’en le disant comme ça… Jusqu’à maintenant, je ne le voyais pas comme ça! (rires) J’ai persévéré et je suis arrivée à faire quelque chose de crédible, à rencontrer des artistes qui ne sont pas n’importe qui. Donc c’est vrai que pour moi avec le travail, la volonté, la persévérance et la fo,i on arrive à faire ce que l’on veut.
B : Tu chantes même en pidjin (patois nigérian), tu parles français, anglais, nigérian et créole, c’est ça ? Quel autre talent nous caches-tu encore ?
L : Je sais même chanter en créole capverdien ! Sur le titre avec Elji Beatzkilla, les gens pensaient que j’étais capverdienne. Dans la façon dont je chante, on ne sent pas que je suis française ou que je ne sais pas parler le créole capverdien. C’est une de mes qualités en tant qu’interprète : j’ai une facilité d’apprentissage. C’est la soif d’évoluer, un véritable défi pour moi, voir si je peux faire passer aussi des émotions dans d’autres langues…
B : Tu es récemment devenue à nouveau maman. Ce n’est pas trop compliqué à gérer ? Comment t’organises-tu entre la musique, les voyages et la maternité ?
L : C’est trop dur (rires) ! C’est clair ! Au moins c’est dit! Je ne vais pas faire semblant, je ne suis pas Beyoncé (rires) ! C’est très compliqué à gérer et franchement Dieu m’a donné 2 magnifiques enfants – parce que je suis croyante – et je l’en remercie, mais c’est vrai que c’est très difficile de gérer la garde quand on part en ITW, ou en tournée, en période de vacances, la récupération de l’école, plein de choses… C’est beaucoup d’organisation. Mais j’ai la chance d’avoir une famille qui m’aide énormément et croit en moi.
B : J’en profite pour glisser une question plus « gossip » pour nos lectrices : c’est quoi ton secret pour garder la ligne ? Après 2 grossesses, tu es toujours aussi resplendissante…
L : Dernièrement, sur mon snap on m’a dit que j’avais rajeuni et qu’en 10 ans je n’avais pas pris une ride, ni un gramme ! C’est les gènes, parce que franchement, je ne comprends pas moi-même !Je suis quelqu’un, et je ne mens pas, qui mange à peu près ce qu’il veut ! Mais c’est vrai que dernièrement je me suis dit : « Non Lylah, ne joue pas avec le feu, mets-toi quand même au sport vu que tu approches la trentaine« . Je me suis dit qu’il fallait que je prenne soin de moi, c’est important d’adopter un rythme de vie équilibré, même au niveau de l’alimentation – parce que je ne suis vraiment pas quelqu’un qui fait attention ! J’aime beaucoup les fast food, la cuisine africaine avec les sauces bien grasses. J’essaye de faire plus attention, mais je ne peux pas vous donner de secret, j’en ai pas !
B : Peux-tu nous décrire ton album à venir ? Ce que racontent les titres, le choix des sonorités, ton ambition à travers ce projet ?
L : Les titres que j’ai faits à Londres et au Nigéria sont très festifs et parlent beaucoup de bouger, j’invite les gens à danser. Il y a beaucoup de messages d’amour aussi. Il y a une chanson pour ma fille, mon fils, African Prince. Toutes les émotions, ce que j’ai ressenti quand je suis allée en Afrique en fait !
B : De quoi parle ton dernier titre No Be Joke ?
L : Quand on est arrivé au Nigéria, le beat de la musique avait quelque chose de militaire, dur. On s’est donc dit que l’on m’avait toujours vue comme une petite poupée, toujours vendue comme très mignonne et que pour ce titre on devait me voir comme une femme forte, une guerrière. No Be Joke veut dire je ne suis pas là pour blaguer, et dans la chanson je dis « Même si on me met des bâtons dans les roues, que des gens parlent dans mon dos, peut importe ce qui se passe, moi j’avance, je sais où je vais » etc.
B : Penses-tu que le public français et ta fanbase soient prêts pour ce virage musical ?
L : Non, et pourtant j’en étais persuadée. Après, nous en tant qu’artiste c’est vrai qu’on n’a pas toujours les pieds sur terre, c’est une qualité comme ça peut être un défaut. Et moi qui suis très rêveuse, je m’étais dit que les gens allaient aimer ça, que j’amènerais une nouvelle couleur musicale en France… Mais non. Ils ne sont pas prêts. Le rythme qui marche aujourd’hui est l’afro-beat, mais il est très francisé. L’afro beat nigérien est beaucoup plus riche, il y a beaucoup plus de sons, il est plus complet on va dire. En plus, je chante en anglais et pidjin, donc quand je leur donne mes sons, les gens se demandent « mais tu nous fais quoi là? »! Du coup, je suis obligée de m’adapter, car en tant qu’artiste, je me dois d’écouter ceux qui ont fait que je suis là aujourd’hui.
Donc si demain ils me demandent de rechanter en français, de faire un zouk j’adapterai mon album pour le public français et à mon public au Nigéria ou en Afrique, je ferai autre chose. Il faut adapter les choses, c’est important. J’ai envie de conquérir le public là-bas, je ne sais pas pourquoi, j’ai envie d’atteindre le Nigéria, la Tanzanie, le Kenya. En plus, mon fils est kenyan, ce qui me rattache encore plus à l’Afrique anglophone. J’ai vraiment envie de leur donner quelque chose, de lui donner quelque chose ! Même si ça ne se fait pas cette année, c’est clair que je continuerai !
B : Quelles sont les prochaines étapes ?
L : Là je suis en studio, je réadapte l’album pour le marché français. Je prépare un nouveau titre pour cet été et j’ai vraiment envie de partir en tournée, faire des concerts acoustiques. Je trouve ça intimiste et ça me permettrait d’aller à la rencontre de mon public.
B : Un concert bientôt à Paris ?
L : C’est vrai qu’en 10 ans de carrière je n’ai jamais fait de concert à moi. Et après tout ce temps, je pense que j’ai quelque chose à présenter. Franchement ça serait sympa!
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