L’édition 2016 du festival ilojazz s’est achevée il y a quelques semaines .
Sona Jobarteh, la joueuse de kora gambienne, était l’invitée de la carte blanche du percussionniste guadeloupéen Didier Juste.
Portrait d’une artiste singulière.
Une femme au cœur d’une tradition réservée aux hommes.
Sona jobarteh est née d’une mère anglaise et d’un père gambien.
Membre d’une des principales familles de griots, l’artiste qui est aussi chanteuse a réussi à s’approprier une tradition exclusivement masculine : la pratique de la kora.
Composée de 21 cordes , la kora est un instrument populaire dans tout l ‘Afrique de l’ouest.
L’instrument , sorte de harpe africaine fait partie de la tradition mandingue , tradition que l’on retrouve principalement en Gambie, au Mali, au Sénégal en Guniée et en Guinée- bissau.
Dans les familles de griots , la pratique de l’instrument se transmet de père en fils mais chez les Jobarteh l’instrument s’est transmis du père au fils puis du fils à la fille faisant ainsi de Sona la première femme joueuse de kora professionnelle mais aussi celle qui a brisé une tradition vieille de 700 ans .
Multi-instrumentiste, Sona jobarteh joue tout de meme principalement de la kora sur scène.
Celle qui a étudié à au Royal college of music à Londres explique son choix comme étant celui du cœur, la kora étant le premier instrument dont elle ait appris à jouer.
Faire vivre la musique mandingue
Toujours vêtue de tenues traditionnelles, Sona s’érige en défenseresse des traditions et décrit sa musique comme étant tout simplement de la musique mandingue.
Là où certains musiciens cherchent à marier la musique traditionnelle africaine à une musique soul ou hip-hop, elle cherche au contraire à la développer et à la faire connaitre tel qu’elle est.
Publié il y a déjà 5 ans « Fassiya » tradition en langue mandingue est un album qui rend hommage aux ancêtres ,à tout ceux qui font encore vivre la musique mandingue mais aussi à la gloire perdue du royaume mandingue.
Porté par la voix douce et forte de Sona Jobarteh , par les percussions africaines mais aussi et surtout par les notes de kora, « Fassiya » rempli parfaitement l’une des missions que l’on prête souvent à la musique : permettre à celui qui l’écoute de voyager sans se déplacer.
Plutôt que de s’embarrasser d’une grande maison de disques , Sona Jobarteh préfère faire exister sa musique de manière indépendante.
Au fil du temps et de ses nombreuses prestations sur les scènes du monde Sona a réussi à s’imposer comme une valeur montante de la musique d’Afrique de l’ouest.
Utiliser la tradition pour construire le futur
Très engagée dans l’éducation des enfants gambiens , Sona Jobarteh fonde en 2015, la Amadu Bansang Jobarteh school of music .
L’ école a pour but d’offrir une éducation digne de ce nom à des enfants qui bien souvent ne connaissent pas ou alors très peu leur histoire.
Ainsi, un accent tout particulier est mis sur la transmission des traditions du peuple mandingue , la pratique du chant mais aussi des instruments traditionnels, le but étant de donner à chacun des fondations solides afin de porter sa pierre à l’édifice en tant que citoyen dans la société de demain.
L’école envisage de développer d’autres programmes notamment autour de la nutrition pour s’adresser cette fois à l’ensemble de la communauté et la sensibiliser ainsi à la nécessité d’avoir une alimentation plus saine.
L’album « Fassiya » est disponible en téléchargement légal sur iTunes.
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