Le chanteur haïtien Michael Benjamin, connu sous le nom de scène Mikaben, est mort le 15 octobre denier, sur la scène de l’Accor Arena. Venu célébrer le comeback de Carimi, l’artiste de 41 a donné son dernier show sourire aux lèvres et drapeau d’Haïti sur les épaules.
Un enfant de la balle au destin tout tracé
Michael Benjamin n’est pas tombé par hasard dans la marmite de la musique. En effet, il est le fils de Lionel Benjamin, un chanteur haïtien connu depuis des années pour ses chansons de Noël. Celui que l’on surnomme même « Le Père Noël haïtien » est aussi un crooner dont la voix posée et reconnaissable entre toutes chante l’amour de la femme et d’Haïti.
Normal donc que son fils né en 1981 ait hérité de son talent. C’est d’ailleurs au détour d’un concours de Noël (Chanté Nwèl) de Telemax, en 1999, que Mikaben se fait remarquer. Bien qu’arrivé 4e, il marque le public avec sa voix, son talent et son enthousiasme. Il faut dire que Michael Benjamin n’est pas un artiste comme les autres. Polyvalent, il chante, compose et joue de plusieurs instruments : guitare, basse, piano et tambour.
Bourré de talent et très déterminé, il écrit d’ailleurs son premier texte à l’âge de 15 ans. Que ce soit en créole ou en anglais, Mikaben a le don de faire passer des émotions. Fort de 20 ans de carrière, son parcours est irréprochable.
L’artiste qui a collaboré avec de nombreux artistes dont J Perry, Kenny Haïti, mais aussi et surtout Carimi sur les titres Fanm Sa Move ou encore Baby, I Missed You, était considéré comme l’un des artistes les plus talentueux et prometteur de la jeune génération.
Après des débuts remarqués dans la formation Krezi Muzik, c’est en solo qu’il avait remporté ses plus vifs succès, notamment avec les titres Fè Lapli, Kenbe M’ et Ou Pati, le titre sur lequel il a tiré sa révérence sur la scène de l’Accor Arena.
A l’instar d’un Papa Wemba, le chanteur haïtien s’est éteint sur scène, lors du show enflammé du groupe de kompa Carimi.
Une vie de famille épanouie
Mikaben était marié depuis novembre 2020 à la belle Vanessa. Il disparait à l’aube de leur second anniversaire de mariage et peu avant la naissance de leur second enfant, prévue pour décembre 2022. Leur fille Léïa est quant à elle née en mai 2021.
Mikaben était également père d’un garçon prénommé Gabriel, né d’une précédente union. La femme de l’artiste, actuellement enceinte, est dévastée par la mort brutale et injuste de sa moitié, son grand amour. Elle a d’ailleurs postée plusieurs messages déchirants sur son compte Instagram.
Le couple plus heureux et amoureux que jamais mettait en scène son bonheur et sa vie de famille sur les réseaux. Vanessa est d’ailleurs très active sur Instagram et Tiktok où elle compte plus de 60 0000 followers. Elle a d’ailleurs posté une vidéo de couple en hommage à son époux suite à son décès.
Malgré la tristesse, la jeune femme indique accepter la disparition de son bien-aimé et s’en remettre désormais à Dieu pour l’aider à avancer. Nous lui souhaitons de pouvoir se reconstruire du mieux possible et l’accompagnons dans nos prières.
La question de la santé mentale et des maladies cardiovasculaires
Le départ tragique de Mikaben met en lumière plusieurs sujets sur lesquels nous devons nous pencher. En tant qu’individus, mais aussi en tant que communauté.
Le chanteur s’est éteint dans la fleur de l’âge, de manière soudaine et dramatique, sur scène, face à son public. Nombreux sont les spectateurs traumatisés par ce qu’ils ont vu et ressenti à cet instant. Le voir vaciller, s’effondrer, assister aux premiers secours pour finalement apprendre son décès, c’est insupportable.
Une aide psychologique est très certainement nécessaire pour les plus fragiles, et il ne faut pas voir peur ou honte d’aller pousser la porte d’un psychologue pour tenter de comprendre et évacuer la peine, le stress et l’incompréhension.
Les fans, la communauté haïtienne (locale ou de la diaspora) sont très marqués par la mort de l’artiste si prometteur et humain qu’était Michael Benjamin. Soudain on semble prendre conscience que la vie est courte et ne tient pas à grand-chose.
Cet événement tragique met en lumière plusieurs questions : la prise en charge des maladies cardiovasculaires (Mikaben a succombé à un arrêt cardiaque) chez la population noire et la prise en charge de la santé mentale.
En effet, une étude de l’Institut national de Veille sanitaire réalisée entre 2000 et 2010 montre que les Dom sont les régions les plus touchées par les décès pour cause de maladie cardiovasculaire. Les décès par AVC et insuffisances cardiaques sont plus nombreux en Guadeloupe, Martinique, Guyane et Réunion qu’en France hexagonale. Le diabète et l’hypertension sont également bien moins pris en charge et détectés sur les populations ultra-marines.
Au moindre doute et ressenti étrange, il ne faut pas hésiter à consulter. Il faut savoir s’en remettre à la science et à la médecine, quand la médecine douce ou les remèdes peyi ne font pas effet. De plus, nous ne sommes pas surhumains, il faut prendre le temps de se reposer, savoir s’écouter afin de ne pas sans cesse pousser au-delà de nos limites.
Quant à la santé mentale, nous le savons, les noirs ne consultent pas ou peu les psychologues. Par honte, manque d’information ou préjugés, on refuse de soigner nos maux, quitte à les enfouir au plus profond, qu’importe le mal que cela peut nous faire. Pourtant, les témoins du drame, les fans, ou les proches doivent plus que jamais chercher le soutien et l’écoute nécessaires pour se relever.
Le 17 octobre, un rassemblement a eu lieu devant l’Accor Arena pour rendre un dernier hommage à Mikaben. De nombreuses personnalités ont également salué sa mémoire comme J Perry, le groupe Carimi, Wyclef Jean, Corneille ou encore l’ex Première Dame haïtienne Martine Moïse ou Ariel Henry, Premier Ministre.
Nous ne l’oublierons pas.
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