Jocelyne Beroard Kassav: "Ce qui m’effraie le plus c’est que les zouks sont de plus en plus en français"

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

28.05.2016

Découvrez notre troisième et dernière partie de l’interview exclusive que le groupe Kassav’ a bien voulu nous accorder.
Blake’s : Lorsque vous regardez la scène zouk actuelle que voyez-vous ? Est-ce que ça vous plait ? Qu’est-ce qui vous inquiète ou encore qui vous fait plaisir ?
Jocelyne : je ne suis pas contre les langues, on peut chanter dans la langue que l’on veut ! Ce qui m’effraie le plus c’est que les jeunes d’aujourd’hui parlent plus un créole anglais, américanisé et les zouks de plus en plus sont en français ! Moi, je dis quand on perd une langue, on perd une culture ! Donc si votre culture est à zéro et que pour vous il est inutile de préserver cette culture pour vos enfants, d’accord ! Tant pis pour vous ! Parce qu’exister à travers la culture de l’autre ce n’est pas exister ! C’est être colonisé !

C’est vrai que notre culture est née d’un chaos, mais qui a quand même donné quelque chose de fort, des choses extrêmement riches !

Pourquoi perdre ça ?! Et je me dis que quelque fois il faut être un peu mythomane ! On vient de 2 petites iles de 450 000 habitants mais on va inonder le monde entier comme dirait PSE ! C’est ma façon de voir ! Quand on regarde les gamins d’aujourd’hui on à l’impression qu’ils vont dans le sens du poil, qu’ils ne sont pas assez rebelles ! Ils n’existent pas, ils acceptent d’être l’image que l’autre leur renvoie d’eux ! Nous, nous sommes arrivés avec Kassav’ en disant « Mi Nou » ! Et ça je trouve que ça manque beaucoup aujourd’hui !
Jacob : je suis un peu inquiet ! L’économie de la musique change, beaucoup ont du mal à passer à travers et les gens sont focalisés sur ce qui se passe ailleurs.

Ils veulent être Jamaïcains ou Américains, mais ils ne le sont pas, ils n’ont pas la culture qui va avec, ils n’arrivent même pas non plus à en maitriser correctement la langue.

Leur seule chance serait d’aller là-bas, et de s’imposer, ce qui va être difficile… A ma connaissance il n’y en a pas… Je suis assez inquiet…
Blake’s : Les dates du Zénith de Paris, où vous allez vous produire les 27,28 et 29 mai 2016, sont annoncées comme les dernières. L’heure de la retraite a-t-elle sonnée ?
Mais non, ce sont les dernières dates au zénith ! C’est-à-dire que la salle du zénith, qui est notre rdv parisien, sont les derniers concerts au Zénith. Parce que dans 3 ans, on sera en 2019 et ce sera les 40 ans de Kassav’. Il n’est pas dit qu’on les fête au zénith et mais espère tous être vivants et en forme pour les fêter !
Et nous aussi !