Rencontre avec Clotilde Guiose, la gérante du restaurant Chodiè Kontré, un des rares restaurants traditionnels de Cayenne. Il est situé au 1 bis rue Mentel, avis aux gourmands !
Comment t’es venue cette vocation ?
« Dans les communes de Guyane, toutes les petites filles se mettent à cuisiner très tôt. On a maman et mamie qui donnent l’exemple donc ça se fait presque naturellement. De plus, j’ai grandi dans une famille de pêcheurs, de chasseurs et mes grands-parents avaient un élevage de bovins et de porcs. En grandissant j’ai toujours aimé cuisiner, recevoir, composer. »
De quelle commune viens-tu ?
« Je viens de Sinnamary mais je me plais à dire que je suis une Malmanourienne car j’ai passé mon enfance à Malmanoury avec ma mère et mes grands-parents. »
Est-il difficile de passer le pas de la professionnalisation en cuisine en Guyane ?
« Je me suis laissée transporter par cet amour de la cuisine et petit à petit j’ai mis en place les choses. J’ai d’abord commencé avec les travaux, mais malheureusement les banques ne m’ont pas suivie donc j’ai fait un travail de fourmi pour transformer mon établissement. »
Quelles ont été les autres étapes ?
« J’ai ensuite du recruter du monde, j’ai formé des jeunes afin de passer la main. Ils sont dîplomés mais ce n’est pas la cuisine traditionnelle qui leur est enseignée, donc j’ai du les former aux méthodes de la cuisine guyanaise. »
Quelle est la différence entre la cuisine créole et la cuisine guyanaise ?
« La cuisine créole est vaste, nous avons chacun notre manière de cuisiner. Je prends l’exemple simple du colombo : nous avons une manière de le cuisiner qui n’est pas le colombo des Antilles. Le bouillon d’awara est Guyanais, il est créole, mais pas Antillais ou Africain. Nous avons les mêmes produits mais nous n’en faisons pas la même utilisation. »
Son prix de la Gastronimie des Arts Culinaires Créoles
En décembre 2015 , cette fanm djok a été auréolée du prix de meilleure cuisinière traditionnelle lors d’une cérémonie organisée sous le haut patronage de George Pau-
« J’ai eu beaucoup de plaisir, j’ai été flattée et fière de mon prix. Mais je suis repartie avec un goût amer car quand la Ministre de l’Outre Mer a fait son discours elle a omis de citer la Guyane. Je ne pardonne pas car nous existons !«
Comment sortir de cette situation ?
« Il faudrait s’imposer et que les Guyanais s’impliquent un petit peu plus. On a peur d’entreprendre ! J’ai entrepris avec trois fois rien, les banques ne m’ont pas suivi. Il faut être têtu sinon on dure 6 mois et on arrête ! Je reconnais que ce n’est pas facile, mais il faut vouloir le faire ! »
Il n’y a pas de restaurants Guyanais !
Comment êtes vous accueillie par la communauté ?
« Il n’y a pas de restaurants guyanais en Guyane, on en a de toutes sortes, mais il y a très peu de restaurants de cuisine traditionnelle. Mes clients sont plus souvent des Antillais et des touristes, mais c’est dommage car les Guyanais ne suivent pas toujours ! »
Etes vous accompagnée par les administrations ?
« Je ne suis soutenue par personne d’autre que le Comité de Tourisme de la Guyane qui est à Paris qui communique sur ma table. Mais c’est bien le seul. »
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