La gueule de bois
Je suis rentrée au pays depuis quelques semaines déjà et l’actualité me force à me demander où est ma place. L’endroit d’où je viens saigne à cause de personnes inhumaines. Ce matin j’ai la gueule de bois, ils me saoulent avec leur guerre aveugle, et je vomis.
Semaine 9
Mercredi 7 janvier, vendredi 13 et mercredi 18 novembre, autant de dates que j’ai en horreur. Mais contrairement à la première où j’étais sur place, pour les secondes je suis au pays et tout ce que je peux faire c’est me torturer l’esprit et essayer de joindre les miens.
« Tout va bien ? Tu as des nouvelles de untel ? Surtout ne sortez pas hein ? » Autant de phrases répétées au téléphone, écrites sur whatsapp… Lues sur Facebook.
J’ai peur pour eux… Mais moins pour moi, car ici, à des milliers de kilomètres de l’épicentre de l’horreur, on se sent presque protégés… À croire que les terroristes ne pensent pas à nous, qu’ils ne nous considèrent pas comme des victimes de premier ordre même si l’État d’urgence a été étendu aux Outre-Mer.
On commente donc l’actualité en priant et en espérant que la folie des hommes prendra fin. On s’énerve face aux déclarations imbéciles sur le net, on s’attendrit devant les manifestations de soutien ou de générosité qui se multiplient.
Les débats sont légions : mon profil, je le mets aux couleurs du drapeau ou pas ? La France aurait dû attaquer la Syrie ou pas ? Il y aura le carnaval ou pas ? Le choix est vaste et ceux qui aiment entendre le son de leur voix exultent en ces temps tourmentés.
Mais les plus ignares sont certainement ceux qui, avec une prétention débile déclarent : « Vaut mieux eux que moi, heureusement que je suis au pays ! Ceux qui sont en « France » revenez chez vous, ici on est en sécurité au moins ! »
Ceux-là oublient certainement que la monstruosité ne connaît pas de frontières, tout comme la connerie d’ailleurs.
Je rentre au pays : Journal d’une fille bien #optiontchiiip. Partie 8
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