Combien de fois avons-nous entendu que les pères antillo-guyanais étaient de « mauvais pères », qui ne prenaient pas leurs responsabilités ? Combien connaissons-nous de ces hommes qui ont autant d’enfants que de mères différentes ? Les pères a-g ont une réputation déplorable et peu trouvent grâce aux yeux des femmes ? Comment expliquer une telle situation ?
Origine historique
La plupart des Antillo-Guyanais sont des descendants d’esclaves qui puisent leurs origines dans les tribus africaines emmenées dans les cales à bateau vers les colonies. Ces tribus étaient souvent polygames et il était tout à fait normal qu’un homme ait plusieurs femmes, donc plusieurs enfants avec ces dernières.
Il allait de soi que ces obligations de ces « différentes familles » soient assumées par le père, mais l’esclavage a bouleversé la donne et a laissé une plus grande place à la femme, transformant tout doucement cette société polygame en société matriarcale.
Dans le Code Noir, élaboré par Colbert en 1685, le lien entre la mère et l’enfant a été mis en avant, minimisant le rôle du père.
Article 12 : «les enfants qui naîtront des mariages entre esclaves appartiendront au maître des femmes esclaves et non à leurs mères, si le mari et la femme ont des maîtres différents.»
Article 13 : «Si le mari esclave a épousé une femme libre, les enfants tant mâles que les filles suivent la condition de leur mère… si le père est libre et la femme esclave, les enfants seront esclaves pareillement».
L’Histoire et l’esclavage en particulier a donc mis en place cet éloignement naturel entre le père et son enfant qui continue à avoir des répercutions sur le présent.
Origine sociale
La femme a-g est souvent une « femme djok », qui a été élevée pour affronter l’adversité. Souvent témoin dès son plus jeune âge des abus des hommes, elle n’a pas confiance en eux et se protège coûte que coûte.
Rapidement indépendante, la plupart d’entre elles met un point d’honneur à s’assumer et n’a aucune hésitation à faire sentir à son homme qu’elle peut vivre sans lui et qu’elle n’a pas besoin de lui pour élever ses enfants, tenir sa maison ou être épanouie.
Cette indépendance peut aussi causer des tords dans son foyer car un homme qui ne se sent pas indispensable se sent moins « homme », il a de ce fait moins de remords à quitter son foyer et à se poser plus tard avec une femme plus « dépendante », faisant de lui un mauvais père pour sa première femme et les enfants qu’il a avec celle-ci.
Bien entendu, il s’agit d’une généralité mais posons-nous la question. Est-ce que ces mauvais pères ne sont pas aussi des hommes qui cherchent maladroitement une place qui leur a été ôtée il y a longtemps ?
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