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Le rhum, alcool emblématique des Caraïbes

Rédigé par

10.10.2015

Originaire d’Asie, la canne à sucre a été introduite aux Antilles sur l’île d’Hispaniola lors du second voyage de Christophe Colomb à la fin du XVème siècle. Elle est tout d’abord cultivée pour la production du sucre jusqu’à ce que l’on se rende compte que le jus fermenté par la chaleur et les levures naturelles donne une boisson alcoolisée. C’est à partir du XVIIème siècle que, dans différentes îles de la région Caraïbe, on commence à en tirer une eau-de-vie? plus exactement de la distillation de la mélasse, résidu de fabrication du sucre.
Elle est appelée guildive (de l’anglais kill-devil se traduisant par « tue diable » en rapport à la force dégagée par cet alcool) puis tafia (mot d’origine africaine ou amérindienne) avant que le terme rhum (rum en anglais, abréviation de rumbillion ou de  brum, désignant une liqueur spiritueuse malaisienne, autre colonie britannique de l’époque) n’apparaisse aux Antilles britanniques. La première mention écrite de l’existence du rhum provient de l’île anglophone de la Barbade en 1688.  En 1694, de nombreuses sucreries vont ajouter une distillerie et les colonies françaises, occupées depuis 1635, deviennent les moteurs du développement de la production de sucre et de rhum.
De mauvaise qualité et peu cher à fabriquer, le rhum était utilisé pour de prétendus vertus médicinales. Il a d’abord été réservé aux esclaves des plantations, puis aux marins et boucaniers devenant un élément obligatoire des rations à bord des navires. Il a aussi été utilisé durant la traite négrière sur les côtes africaines comme monnaie d’échange … C’est au XVIII ème  siècle avec les progrès dans les techniques de distillation, que le rhum commence à se répandre en Europe et Amérique du Nord. En 1775 la Guadeloupe est surnommée « L’île à sucre » et possède 334 moulins et exporte du rhum, en particulier lors de l’occupation britannique entre 1759 et 1763.
Origine du grog et du punch
En 1655 l’amiral anglais Penn institue la distribution d’une ration quotidienne de rhum à ses marins. En 1731, l’amiral Vernon afin de diminuer les problèmes liés à l’alcool à bord des navires, la remplace par un mélange de 2/3 d’eau pour 1/3 de rhum, avec du jus de citron contre le scorbut. Ce mélange fut baptisé grog du surnom de l’amiral, qui portait toujours une veste dont le nom était Old grogram (gros-grain en anglais).
Dans les îles anglaises le rhum était marié à du thé, du sucre, du citron, de la cannelle, boisson qui sera nommé  punch, mot probablement dérivé du mot indien Panch qui signifie 5, qui est le nombre d’ingrédients nécessaires à la composition du cocktail.
A la fin du XIXème, la chute des cours mondiaux du sucre conduit à la faillite plusieurs sucreries ce qui pousse les colons français – forts de leur savoir-faire en matière d’eau-de-vie – à se reconvertir vers la fabrication d’un nouveau rhum en consacrant leurs exploitations exclusivement à l’exploitation cannière et en distillant l’eau-de-vie obtenue à partir du jus de canne fermenté : le rhum agricole (ou rhum habitant) est né.
Son invention est attribuée en 1694 au Père Labat qui décrivait le breuvage comme un « feu donnant de la force aux hommes et de la joie aux femmes » et perfectionna le processus de distillation avec des alambics. Cette reconversion  permet aux plantations françaises d’échapper à la concurrence des autres îles au où rendement sucrier était bien supérieur.
La Première Guerre mondiale relance l’activité du rhum car il permet de soutenir le moral des soldats dans les tranchées et sert aussi à fabriquer…des explosifs !  Autre atout : les lieux traditionnels de fabrication d’alcool se trouvent soit en zone de combats, soit détruites ou sous contrôle ennemi.
Dans la Caraïbe, chaque île ou zone de production constitue un territoire avec ses traditions et produisant chacun un alcool au caractère propre.  De nos jours on distingue 3 types de rhums ceux originaires des Antilles françaises, ceux  originaires des îles anglophones, souvent épicés, plutôt lourds et huileux, et eux originaires des îles hispaniques (ou cubaine), plus légers, souvent utilisés pour les Mojito  ou Daiquiri… Au Brésil, l’eau-de-vie de jus de canne à sucre s’appelle la Cachaça, mais elle nécessite une fermentation plus longue du jus de canne.
En fonction de la matière première utilisée, on distingue essentiellement 2 types de rhums : le rhum agricole produit par fermentation puis distillation, le plus fabriqué et le rhum d’industriel de sucrerie, obtenu par la fermentation des mélasses provenant de la fabrication du sucre de canne. Il peut être consommé blanc, vieilli en fût (rhum vieux ou rhum paille) ou épicé et prend alors une coloration ambrée plus ou moins foncée.
Les rhums des Antilles françaises figurent parmi les plus fins du monde et le rhum agricole de la Martinique bénéficie depuis 1996 d’une appellation d’origine contrôlée et est reconnu comme un des rhums agricoles de grande qualité. A consommer avec modération !

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