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Malavoi, ou la tradition musicale revisitée

Rédigé par

21.01.2016

Les origines du groupe Malavoi

Le groupe Malavoi, né dans les années 60 dans le quartier de Terres-Sainville à Fort-de-France en Martinique, est à l’origine d’adolescents musiciens : Mano Césaire, Jean-Paul Soïme, Christian de Negri, Denis Dantin, Marcel Rémion.
Leur ambition était de remettre au goût du jour les musiques traditionnelles à une époque où elles étaient en perte de vitesse face à la salsa cubaine ou au compas haïtien.

Les fondateurs

Le fondateur, Emmanuel « Mano » Césaire, était le fils du frère aîné d’Aimé Césaire. Sa mère d’origine guyanaise était une brillante pianiste classique. A l’âge de 8 ans, il apprend le violon et en 1957, il intègre l’école de musique classique créée par Colette Frantz, grande violoniste concertiste internationale, dont le rôle fut déterminant dans la diffusion de la musique classique à la Martinique. Elle s’établit à Fort-de-France, à l’invitation d’Aimé Césaire, pour y créer le premier Conservatoire de Musique des Antilles françaises. Christian de Négri et Jean-Paul Soïme suivent aussi ses cours.

MALAVOI (Livre)

Malavoi : les débuts

L’avant Malavoi

Dès ses débuts, le groupe reprend de vieux airs antillais en leur insufflant une nouvelle énergie inspirée des airs cubains à la mode, des rythmes de l’Afrique, du Brésil, du Jazz et de compositions personnelles. En 1963, Le groupe, sous le nom des Merry Lads (les joyeux lurons) se fait connaître en jouant d’une diversité d’instruments peu utilisés dans la musique populaire (violons, flûte, harmonica, guitare basse, timbales) dans des réunions d’amis, des soirées dansantes dans les communes de l’île et devient l’une des formations les plus originales des Antilles. Le signe distinctif du groupe est la couleur sonore donnée par le violon, instrument présent dans les orchestres populaires de Saint-Pierre avant 1902, mais tombé en désuétude. L’idée originale a été d’en réunir agissant comme un seul instrument. Le petit groupe trouve dans toute l’île un accueil chaleureux et la population redécouvre une tradition musicale.
Ce qui fait aussi le succès du groupe est la qualité de répertoire et les sources de son inspiration, puisant dans la vie ordinaire et la culture des Martiniquais : la vie chère, le chômage, le travail, l’Histoire de l’île, l’esclavage, etc…En préservant l’authenticité du patrimoine musical de la Martinique tout en lui apportant des composantes modernes inspirées des musiques afro-cubaine et latino-américaine, Mano Césaire a réussi à intéresser les nouvelles générations à ces musiques nées au siècle précédent. Malavoi est devenu un symbole de renouveau dans la conception de la musique antillaise.

Voir plus grand

Les années passent et la formation continue d’animer les soirées dansantes. Mano Césaire décide d’enregistrer ses propres compositions et contacte le producteur guadeloupéen Raymond Célini pour sortir le disque Mano Césaire et la formation Malavoi, en 1969. C’est Jean-Paul Soïme qui trouva ce nom d’une variété de canne à sucre juteuse, importée d’Afrique du Nord qui aurait été dévorée par les insectes de l’île. C’est aussi le titre d’un ancien bel air des veillées martiniquaises ainsi que le nom d’une rue sur l’île de Gorée au Sénégal d’où les esclaves étaient embarqués pour les Amériques. Pour l’enregistrement des disques, le chanteur attitré du groupe est Pierre Jabert, crooner le plus célèbre de la Martinique de l’époque et Alain Jean-Marie au piano. Les disques trouvent un succès immédiat en Martinique et en Guadeloupe et à partir de 1970, Mano Césaire monte le groupe Malavoi avec entre autres Paulo Rosine au piano et Ralph Thamar au chant. Il s’arrête durant presque un an puis est réactivé en 1975 par Paulo Rosine qui introduit des cuivres dont Bid Monville. Le groupe se dissout en 1978 pour renaître en 1980. Paulo Rosine inspiré par le classique et les charangas cubaines, fait évoluer l’orchestre avec un quintet de 4 violons et 1 violoncelle, placés devant, dans une mise en scène visuelle et animée. Cette formation avec un chanteur, 1 section rythmique claviers-basse-batterie-percussions, est rejointe plus tard par des choristes.
MALAVOI_LaFiloC Malavoi_LaCaseALucie

L’âge d’or de Malavoi

Les succès, les concerts, les festivals et les disques s’enchaînent. En 1981, la notoriété du groupe dépasse les Antilles et atteint la métropole – où la communauté antillaise est très importante -, et le reste du monde. Il tourne en Colombie, Suisse, États-Unis, Allemagne, Pays-Bas, Belgique …Il décolle en 1982 avec le double album « La Filo » et en 1983 sur l’album « Zouel » où on retrouve le titre désormais classique de la chanson antillaise, « Caressé moin », chantée et signée par Marie-Josée Alie. La même année la réalisatrice Euzhan Palcy leur commande la musique de son film « Rue Case Nègres ». En 1986, sort le 3è album, « Case à Lucie », nouveau record de ventes et succès à l’international. En 1987, Ralph Thamar, chanteur du groupe, décide de se lancer dans une carrière solo. Il est remplacé par plusieurs chanteurs dont Pierre-Michel « Pipo » Gertrude et Tony Chasseur.
MALAVOI_JouOuve Malavoi_Matebis
Les tournées nationales et internationales se poursuivent, menant le groupe à la Nouvelle-Orléans, au Québec, en Europe, et très souvent en France. En 1990 Mano Césaire, qui ne supporte plus le rythme des tournées, se retire. La même année, le groupe fête ses 20 ans de carrière durant plus d’une semaine au Bataclan. En 1992 sort l’album « Matebis », « école buissonnière » en créole faisant intervenir une pléiade d’invités: Édith Lefel, Victor Laszlo, Tanya Saint-Val, Jocelyne Béroard, Francisco, Philippe Lavil, Marcé, Ralph Thamar, Beethova Obas, Kali, Sam Alpha… La même année le groupe est convié à l’Elysée, pour jouer devant François Mitterrand et le président du Sénégal.
Malavoi_Anmaniman Malavoi_SheShe
Le 30 janvier 1993 Paulo Rosine, l’âme musicale du groupe, auteur des plus gros succès comme « La Filo » et « Case à Lucie » meurt d’un cancer à 45 ans. Grace à lui Malavoi est devenu un monument. Sa disparition bouleverse la formation qui aura du mal à s’en remettre jusqu’en 2007. Jean-Paul Soïme reprend la direction du groupe tandis que José Privat succède à Paulo Rosine. Les concerts redémarrent autour du concept « Matebis ». L’orchestre tourne aux Antilles, en Guyane, à l’Olympia à Paris. En 1994 sort« An Maniman », premier album sans Paulo Rosine, puis « Shé Shé » en 1996, réalisé autour des souvenirs d’une vieille antillaise. En 1998, année des commémorations du 150e anniversaire de l’abolition de l’esclavage, sort « Marronnage », puis en 1999 « Flèch Kann ». En 2000, la Sacem décerne au groupe le Grand Prix de la musique traditionnelle. En décembre 2006, Ralph Thamar, après une parenthèse de 10 ans, se retrouve sur scène avec le groupe à l’occasion de la fête du rhum à la Martinique
Malavoi_Marronage MALAVOI-THAMAR_PepLa
Il s’en suit un série de concerts et en 2009, Ralph Thamar et Malavoi sortent un album commun, « Pèp La ». En 2012 le groupe célèbre ses 40 ans de carrière avec un orchestre symphonique au Zénith de Paris, en hommage à Paulo Rosine dont c’était le grand rêve. Ce soir-là, Ralph Thamar, Pipo Gertrude et Tony Chasseur, les chanteurs de la formation, sont tous réunis pour la première fois. En 2013, c’est le violoniste Christian de Négri, qui après avoir accompagné le groupe pendant 30 ans, décède à l’âge de 67 ans en Martinique.
MALAVOI_Symphonique-DVD
Le groupe est actuellement mené par Nicol Bernard et reste une légende qui représente aujourd’hui un pan entier du patrimoine culturel antillais. Malavoi continue l’aventure autour de l’album  « OLIWON », avec de nouvelles voix caribéennes. L’aventure continue.

Malavoi Oliwon (cover)

Malavoi Oliwon (2016)


 

Discographie:

• Mano Césaire et la Formation MALAVOI (1969) enregistrent six 45 tours dont “Nou pé pa kenbé”, et un 33 tours
• Malavoi (1972) (Mano Césaire, Marcel Rémion, Ralph Thamar, Christian de Negri,……) sans titre
• La filo (1982)
• Karésé mwen (1983)
• Ababa (1985)
• La Case à Lucie (1986)
• Malavoi au Zénith (1987)
Ralph Thamar quitte ensuite Malavoi
• Jou ouvè (1988)
• Matébis (1992)
• La Belle Époque (1993)
• An maniman (1994)
• Shé Shé (1996)
• Marronnage (1998)
• Flèch Kann (1999)
• Malavoi Live au Club Med World (2001)
• Les instrumentaux (2006)
Décembre 2006, Ralph Thamar fait des scènes avec Malavoi, puis :
• Malavoi et Ralph Thamar à la Cigale (2007)
• Malavoi et Ralph Thamar, “Pèp La” (2009)
• Malavoi L’Essentiel – 1981 – 2012 (2012)
• Malavoi Symphonique, Les 40 ans au Zénith (2013)
• Oliwon (2016)

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