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Antilles : Le fléau des sargasses, ses origines et ses dangers

Rédigé par

17.02.2016

C’est quoi les sargasses ?

Les sargasses sont des algues pélagiques – c’est-à-dire de pleine mer – flottantes pouvant croître et se reproduire au large, contrairement à d’autres espèces, nécessitant une fixation, ce qui leur permet de survivre sur de grandes distances.
Elles possèdent une résistance, un taux de croissance rapide, un taux de reproduction élevé et une forte capacité de propagation. Les morceaux hachés par des hélices redonnent de nouvelles algues. En pleine mer, les sargasses ne représentent aucun danger et sont même d’excellentes nurseries pour les jeunes poissons, et permettent d’en attirer de plus gros venant s’y nourrir.

D’où vient leur nom ?

Le nom de sargasse vient de l’espagnol sargazo qui signifie « varech-nageur »  définissant  principalement les algues formant le banc immense de la mer dans l’Atlantique Nord, au nord-Est de l’archipel caribéen, qui en tient son nom : la mer des Sargasses. 

D’où viennent-elles ?

On a longtemps pensé que les algues qui échouent aujourd’hui dans les Caraïbes venaient de cette mer, située au large de la Floride.  En fait, une zone d’accumulation d’algues dérivées de la mer des Sargasses, située au nord du Brésil à l’embouchure du fleuve Amazone a été identifiée grâce aux satellites. Là, elles reçoivent les eaux douces du fleuve très riches en nutriments des alluvions des sols déforestés et soumis à l’agriculture intensive, ce qui profite à leur croissance et favorisent leur développement massif.
Et de l’autre côté, au large de l’Afrique s’ajoutent les eaux douces du Golfe de Guinée et les brumes de sable du Sahara chargées en phosphore et en fer qui agissent comme un engrais. Le courant nord équatorial se charge ensuite de remonter ces algues vers les Antilles.  Les arrivées de sargasses dépendent des courants et de l’évolution des conditions météo, mais quand les vents sont orientés au sud est, ils poussent les sargasses vers les Antilles.
banc d'algues brunes

La prolifération des algues serait donc due en partie à l’homme et devrait malheureusement s’accentuer à cause de la destruction massive de la mangrove d’Amérique latine..

En effet, c’est cette mangrove qui permettait de retenir une grande partie des nutriments provenant des fleuves. Aujourd’hui la côte Atlantique,  la façade est des Caraïbes, du Mexique à la Barbade en passant par la République dominicaine et les Antilles françaises sont touchées.

Quels sont les dangers ?  

Pour l’environnement :
À l’approche des côtes, les bancs d’algues empêchent la lumière de pénétrer les fonds marins et nuisent à l’épanouissement de la flore et de la faune : herbiers, éponges et coraux très lents à se reproduire. Certains poissons, comme le poisson-lion  –   espèce invasive qui dévore tout sur son passage – ne se reproduisent que sous les nappes de sargasses aux détriments de d’autres espèces qui disparaissent, l’eau étant moins riche en oxygène. De nombreuses tortues ne peuvent plus se rendre sur les plages pour y pondre leurs œufs, et les juvéniles, parfois même les adultes sont asphyxiés par des poches de gaz et meurent noyés. C’est tout l’écosystème local qui est remis en cause.
Pour  la santé
Une fois échouées dans les lagons, les fonds de baies et les ports, elles commencent à pourrir dégageant une odeur d’œuf pourri. En effet, la dégradation des sargasses produit de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique qui peut être nocif à fortes concentrations. Cela provoque des gênes pour les riverains : irritation des yeux, de la gorge, des oreilles, vomissements, maux de tête et nausées.
Ce gaz corrode aussi les appareils électriques, électroniques et électroménagers.
Pour l’économie
Elles freinent la pêche et le tourisme en bloquant la navigation des bateaux de pêcheurs et plaisanciers, elles obligent à fermer certaines plages et dissuadent les touristes.
Aujourd’hui, les sargasses sont un redoutable défi écologique, sanitaire et économique. Les pouvoirs publics semblent avoir pris la mesure du problème et se mobilisent pour lutter contre ce phénomène, la priorité étant le ramassage des algues. C’est la solution retenue par la plupart des communes. Le ministère de l’Ecologie a annoncé vouloir encourager leur valorisation ces algues pouvant servir d’engrais – des agriculteurs s’en servent déjà -ou être transformées en bio plastique.
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