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Laurence Joseph, ou le rire au féminin made in Gwada !

Rédigé par

28.11.2016

–Est-ce grâce à l’humour que tu as rencontré Laurent ?
Laurence Joseph : Totalement ! On s’est rencontrés sur une pièce de théâtre, et on s’est retrouvés dans un contexte particulier qui a fait que l’on a accroché l’un pour l’autre… C’est grâce à la pièce Le Dindon de Feydeau dans laquelle j’avais le rôle d’Armandine. Sans cela on ne serait peut-être jamais croisé !

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–Comment vous est venue l’idée de faire un show en couple ?
Laurence Joseph : Elle est née de cette rencontre au théâtre. On a beaucoup aimé jouer ensemble. Après, vu que l’on était ensemble dans la vraie vie et que l’on voulait faire notre projet à nous, on s’est dits qu’on allait commencer pour voir ce que ça donne, et on s’est bien éclatés ! (rires). Donc on a continué ! Mais cela s’est fait très naturellement !
–Pourquoi avoir mis en scène votre vie de couple ? Était-ce dans l’objectif de plus de tolérance envers les couples mixtes ?
Laurence Joseph : C’est vrai qu’en Guadeloupe on le vivait. Je me dis qu’au théâtre, on ne peut pas faire quelque chose que l’on a pas vécu ! Plus c’est drôle plus c’est authentique ! Ça nous a paru évident ! On avait vécu des choses qui nous avaient heurtés, en positif comme en négatif, et on a voulu « cathartiser » tout cela. On n’avait pas calculé que ça allait avoir un tel impact ! On a juste partagé notre ressenti artistique sur une situation qui était la nôtre.
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–Avez-vous été les cibles de critiques ? Oui c’est arrivé, mais pas beaucoup à notre grand étonnement ! Car on aborde des sujets assez délicats parfois, à notre façon, on ne détient pas la vérité. Mais forcément on se heurte à des gens qui n’apprécient pas ! Mais les critiques ont été cassées par les gens qui aimaient. Leur amour a été tellement fort que ça a éradiqué les autres et les a convaincus qu’il y avait surtout ce désir de partage et pas celui de jugement sur autrui. De dire que l’un est mieux que l’autre, les Blancs mieux que les Noirs, les femmes des hommes… Il était hors de question de faire cela, ça aurait aussi complètement détruit notre produit et notre couple.
De qui sont plus venues les critiques ? De la communauté caribéenne ou des métropolitains ?
Laurence Joseph : Vu que l’on a commencé en Guadeloupe, au départ elles sont venues de notre propre communauté, hein ! (sourire !) Mais ça reste peu ! Les intellectuels du théâtre se sont aussi inquiétés que l’on détourne des choses sérieuses avec humour, est-ce que c’est bien ? Nous on s’attelait surtout à aller chercher le rire, pas la polémique ou le débat. Ce sont les gens qui lèvent les débats ! Nous, on veut faire réfléchir, mais par le rire, par la solidarité, la compassion… Rire de soi-même c’est être compatissant envers autrui ! On peut ne pas aimer ! Moi je comprends que des gens n’aiment pas, mais même s’ils n’aimaient pas ils ont admis que ça ai été « bien vu ».
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–Vu que la formule en duo fonctionnait bien, pourquoi être revenue à une formule Solo avec « ça va décoiffer » ?
Laurence Joseph : Parce qu’avant tout je suis une comédienne. Laurent et moi on s’est rencontré dans une troupe de théâtre, mais au départ j’évoluais déjà de mon côté. Je voulais déjà développer mes propres personnages, qui existent depuis très longtemps. Ce n’est pas forcément un retour au solo. « Ça va décoiffer » est arrivé après « Domino », mais il aurait pu arriver avant aussi.
–Pourquoi avoir choisi une vieille mamie antillaise, Ernestine comme personnage principal ?
Laurence Joseph : Parce que c’est ce personnage qui m’a permis de me découvrir en tant que comédienne. Elle représente beaucoup ma mère aussi. C’est un personnage de cœur qui devrait être le Poto mitan de ce spectacle. La grand-mère antillaise représente la femme, la mère, la force, la faiblesse, la sagesse et à travers elle je peux aller chercher et puiser des choses que je ne pourrais peut-être pas faire avec Laurence… C’est un personnage qui me permet d’aller loin et c’est agréable.
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–Aujourd’hui tu es sur les planches pour la pièce « Ya un os dans la noce ». De quoi parle-t-elle ? C’est du théâtre de boulevard. On a repris les personnages de Laurent et Laurence. C’est l’histoire d’une trentenaire antillaise qui va se marier avec un Breton, dont les parents ne sont pas d’accord. Le père est raciste indépendantiste syndicaliste et la mère est tout autant raciste. Les 2 vont tout faire pour faire capoter le mariage et vont faire intervenir d’autres personnages dont Krys. On s’éclate pendant 1 h 20 dans le public comme sur les planches ! Elle va bientôt être joué ici, suivez les informations sur Facebook ou mon site : www.laurence-joseph.fr.
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–Tu as pris l’habitude de pousser des coups de gueule concernant le comportement de nos compatriotes… Et tu es loin de rire ! On ne te connaît pas aussi sérieuse… Pourquoi ces « pétages de plomb » ?
Laurence Joseph : Parce que je suis un être humain et que je ne veux pas que les gens pensent que parce que l’on est artiste, on ne puisse pas ressentir des choses fondamentalement. Toutes ces interventions, c’est pour dire aussi à la population que je suis avec elle ! Que je ne suis pas là que pour faire rire et que j’ai des avis sur différents sujets, je ne suis pas une coque vide qui se pavane sur le Net ! C’est très important pour moi de faire ça, car il y a beaucoup d’enfants, de jeunes qui me suivent. J’aime être proche des gens, c’est ça qui me nourrit et fait que je continue à créer de belles choses par et pour les gens.
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–Quels ont été tes sentiments à la mort du jeune Yoann ?
Laurence Joseph : De la colère ! J’en ai pleuré, j’étais enragée. Je viens du Bas-du-bourg, un quartier chaud, j’ai vu des gens se trucider à coups de coutelas, ça restait des gens en marge de la société. Avant il y avait aussi des jeunes qui se prenaient des coups de couteau, mais ça restait des enfants non scolarisés, pas encadrés et qui rentraient dans la sphère de la délinquance. Mais là on est plus dans ça, tout est mélangé… Je pense que l’éducation se perd, il y a des enfants qui n’en sont plus. Beaucoup de choses sont banalisées comme la mort, le sexe, les armes. Aujourd’hui les enfants ne sont plus préservés, et même quand les parents veulent le faire, ils ne peuvent pas enfermer l’enfant dans une bulle ! Je ne sais pas quelle est la solution, mais moi tout ce que je peux faire c’est partager mon rire, mon amour, ma solidarité.
–On m’a dit que tu étais « engagée pour la Guadeloupe ». Es-tu d’accord avec ça ?
Laurence Joseph : Avec tout ce qui se passe oui, je pourrais dire que je suis engagée contre la violence, mais la violence partout. Mais c’est sur que j’ai un attachement particulier pour mon île parce que je l’aime et qu’elle a fait ce que je suis devenue aujourd’hui, mais de là à dire que je suis engagée c’est un peu fort. Je pense que je défends des valeurs que ma mère m’a transmises, il se trouve que cette mère est guadeloupéenne, donc voilà ! (rires). Je suis Guadeloupéenne et fière de l’être, je suis fière d’être une femme aussi, d’être noire, mais ce n’est pas l’essentiel de mon travail qui est surtout de divertir mon public. Mais c’est vrai que s’il y a des sujets locaux qui me touchent je ne vais pas me priver d’en parler, oui !
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–Que souhaiterais-tu voir changer en Guadeloupe ?
Laurence Joseph : Que les gens se rendent compte de la richesse de ce qu’ils ont avant d’aller puiser dans celles des autres. On a trop de belles choses en Guadeloupe, on pourrait développer des choses autour de la nature, nettoyer les plages, faire les enfants sortir des salles de classe pour découvrir leur environnement, leur apprendre les plantes médicinales. Moi c’est ma mère qui me l’a appris. Leur apprendre le travail manuel, la difficulté, le mérité aussi. Les faire visiter les personnes âgées, des choses comme ça… Il y a tellement de choses à faire qu’il faudrait des heures pour tout lister ! Il faut se recentrer un peu sur l’humain, c’est pour ça que j’aime le théâtre, parce qu’il y a un contact direct avec les gens. Je vous invite donc à venir nous voir au théâtre (rires !), toutes les informations son sur mon site internet et sur ma page Facebook que je vous invite à liker parce que je n’achète pas mes likes ! (rires) et je remercie toutes les personnes qui me suivent et soutiennent sur internet !
En spectacle dans Domino jusqu’au 31 décembre au théâtre Bo Saint Martin, 19 Boulevard Saint-Martin 75003 Paris

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www.laurence-joseph.fr
Facebook : Laurencejoseph
Youtube.com : FosTV

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