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Car Wash : le fléau qui frappe les Antilles

Rédigé par

25.08.2015

Cet été, plusieurs vidéos virales ont fait sensation (ou plutôt scandale) sur les réseaux sociaux. Elles montraient des « car wash », à savoir des sessions de lavage de voiture, plus que sexy. Des jeunes femmes ou plutôt filles, en petites tenues, se font arroser et font mine de nettoyer des voitures en string ou bikini. Plus que de frotter les traces de cambouis, elles se trémoussent et miment pour certaines l’acte sexuel avec des garçons fiers de leurs prouesses.
Le tout devant une foule en liesse qui en redemande. Dans le public, des hommes, des femmes, des jeunes mais aussi et c’est le plus choquant, des mineurs qui ne semblent pas plus choqués que ça d’assister à un tel spectacle. Les filles présentes dans le public applaudissent elles aussi, filment même avec leur smartphone et ne se sentent pas dégradées par une prestation vulgaire et carrément sexuelle où la femme est réduite à l’état d’objet de fantasme.
En juillet 2015, un car cash qui se tenait non loin du World Trade Center de Jarry (Baie-Mahault) en Gaudeloupe, n’a pas manqué d’irriter. Une fille en t-shirt blanc et string ficelle, juchée sur une moto s’est livrée à un car wash lamentable. Entre positions sexuelles avec un garçon déchaîné, twerk et booty shake endiablés, pendant que le maître de cérémonie arrose et incite à encore plus de débauche, on ne sait plus où donner de la tête. La vidéo publiée le 14 juillet sur Youtube est toujours en ligne. Si elle compte 0 commentaires, sans doute effacés, il n’en reste que la fille a été couverte d’insultes ici ou là, et le garçon glorifié.

Le car wash de la honte à Jarry en Guadeloupe


Mélina Seymour, Présidente d’Ambition Guadeloupe et candidate aux élections régionales des 6 et 13 décembre 2015, a décidé de s’exprimer sur ce phénomène, et cette vidéo en particulier, et déclare le 20 juillet sur son site internet : « En tant que femme et aussi en tant que mère de deux petites filles, j’ai signé la pétition en ligne intitulée « Femmes antillaises, disons toutes : Non à l’exhibition et sauvons notre image et dignité. »  Pourquoi ? Pour dire OUI à la dignité humaine, au respect de la femme, au retour de nos valeurs et à la prise de conscience collective.
A mon sens, dans cette vidéo, les voyeurs et le jeune homme sont aussi coupables. »
Ary Chalus, député-maire de la ville de Baie-Mahault, qui abrite la zone industrielle de Jarry, a lui aussi tenu à s’exprimer pour dénoncer ce qu’il appelle le « car wash de la honte ». Il déclare sur le site officiel de sa ville : « Baie-Mahault est une ville où la jeunesse et la femme représentent pour nous des valeurs essentielles.
Il est donc déplorable que l’image de la ville et mon image soient arbitrairement associées à une manifestation obscène, et dont les valeurs sont aux antipodes de celles qui motivent l’action de notre équipe.
Cela illustre une vraie détresse de la jeunesse et c’est le rôle des politiques d’accompagner les familles pour véhiculer d’autres valeurs. Le Conseil Droits Des Familles (CDDF) de la ville est une belle illustration du travail effectué. »
Qu’est-ce qui pousse des jeunes filles tout juste sorties de l’adolescence à se livrer à des car wash aussi répugnants et les spectateurs à adhérer à de tels spectacles ? L’ennui, le manque de perspective et de confiance en l’avenir, d’activités culturelles enrichissantes, de pères et de repères qui frappent les Antilles ne sont certainement pas étrangers à ce fait de société. Et alors qu’autrefois, les activités sexuelles ou le visionnage de films pornographiques se faisaient en cachette, désormais, le sexe et la sexualisation des femmes, sont portés sur la place publique, comme un spectacle drôle et agréable auquel il faudrait s’initier dès le plus jeune âge.
Pour remédier à ses pratiques, une seule solution : l’éducation. D’abord dispensée par les parents, puis les enseignants, partenaires associatifs et les politiques qui doivent tout mettre en oeuvre pour que les jeunes, filles comme garçons, trouvent des alternatives à l’ennui, au décrochage scolaire ou aux activités déviantes.
En attendant, il semble que les car cash aient encore et toujours la cote aux Antilles.

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